Prison des délits du cœur (Une histoire de Dar Joued) est une installation chorégraphique créée par trois artistes : Sondoss Belhassen et Malek Sebaï, danseuses et chorégraphes, et Patricia Triki, plasticienne. Prison des délits du cœur a été sélectionné par le Centre national de la danse de Pantin, à Paris, qui veut soutenir les artistes danseurs de tous les pays en diffusant leurs œuvres auprès du grand public, pour une ou deux représentations les 17 et 18 mars. Le spectacle, écrit à trois mains, pour le festival d'art urbain et contemporain Dream city et joué au cours de cet événement selon le principe des performances tous les quarts d'heure pendant quatre jours, a été présenté à Tunis en octobre 2010. Il ressuscite, par la voix de femmes rebelles, des histoires d'amour, de désamour, de révolte et de désobéissance par rapport à la loi patriarcale, ses mariages arrangés et sa polygamie ambiante. Un texte d'une belle poésie, qui veut évoquer un pan de la mémoire «honteuse» de la médina. Lorsque celle-ci avait prévu, parmi ses institutions un siècle durant, jusqu'à la veille de l'Indépendance un lieu de réclusion féminine. Le Dar Joued était une maison de redressement pour toutes celles qui refusaient de se plier aux règles sociales. Aujourd'hui encore, les femmes ayant séjourné dans cette institution coercitive refusent de témoigner, tant le déshonneur, qui les avait reléguées au rang de brebis galeuses, continue à les marquer. Dans cette danse installation, Sondoss Belhassen et Malek Sebaï bougent, se détournant du regard du public (comme si elles devenaient anonymes) au rythme de deux balançoires, accélérant leur cadence selon l'évolution dramatique de ces chroniques de jeunes filles en fleurs. On ne pourrait se réapproprier la ville aujourd'hui sans faire table rase de toutes les amnésies, y compris des monstres de notre histoire collective. C'est là une des lectures possibles de Prison des délits du cœurƒ.