Depuis le 28 février, une centaine d'étudiants diplômés de l'Institut supérieur de l'animation pour la jeunesse et la culture de Bir El Bey-Ben Arous (I.S.A.J.C.), poursuit un sit-in au ministère de la Jeunesse et des Sports réclamant leur droit à un emploi. Makram Bouzaïen (27 ans de Gafsa, diplômé en 2010) nous a déclaré : «On est une trentaine de diplômés au chômage à faire le sit-in 24h/24h et à peu près 150 le matin. Il faut dire que par précaution, les filles sont priées de rentrer chez elles le soir. La majorité des sit-inners présents ici ont obtenu leur diplôme entre 2006 et 2010». De son côté, Hassan Garoui (30 ans de Sidi Ali Ben Aoun - Sidi Bouzid, diplômé depuis 2007) renchérit : «Pour tous ceux qui ne connaissent pas notre branche, la formation académique à l'Institut Supérieur de l'Animation pour la Jeunesse et la Culture de Bir El Bey (Ben Arous) est tout bonnement riche et variée. Durant 4 ans, l'étudiant reçoit chaque semestre une formation comportant 16 matières c'est-à-dire 32 matières au total tout au long de l'année universitaire. On reçoit des cours de théâtre, arts graphiques, musique, arts plastiques, aérobic, philosophie, sport, sociologie, psychologie, etc… On est actuellement au total 839 (après le recrutement de 363 professeurs diplômés de l'Isajc depuis l'arrivée de M. Mohamed Aloulou à la tête du ministère, Ndlr). Et on se demande comment se fait-il que le ministère envisage de recruter des sociologues et des professeurs de théâtre pour les maisons des jeunes alors qu'on est formé pour assurer l'enseignement de ces activités ? ». D'autre part, selon Hamza Laâbidi (31 ans de Redeyef et diplômé en 2009), depuis le 28/02/2011, les demandeurs d'emploi se sont organisés pour effectuer une collecte de dons, de matelas et de chaises afin d'assurer un sit-in dans de bonnes conditions. Toutefois, il n'a pas manqué de gratitude envers les responsables du ministère qui leur a permis de planter une tente dans les jardins des lieux et offrir la salle d'accueil du ministère comme refuge le soir. En revanche, il a ajouté‑: «L'Isajc est l'unique institut supérieur spécialisé dans ce genre de formation. Pour vous donner une idée sur nos revendications, il faut rappeler qu'avant 2003, le ministère recrutait à peu près 120 diplômés par an. Mais voilà qu'à partir de 2004, le quota est descendu à 30 recrutés par an. A partir de ce constat, durant l'année universitaire 2005-2006, durant 2 mois et demi, les étudiants en terminale sont entrés en grève générale pour protester contre cette injustice. Néanmoins, certains de nos camarades ont été traduits devant le conseil de discipline et plusieurs d'entre eux ont redoublé, tandis qu'un étudiant a vu sa soutenance retardée d'une année. Et pour conclure, et comme l'atteste notre déclaration, notre principale revendication se résume en deux points : primo, un recrutement officiel des diplômés de l' Isajc qui sont au chômage depuis plus de deux ans. Secundo, garantir l'application du mécanisme d'emploi aux diplômés au chômage durant une période qui ne dépasse pas deux ans avec un minimum de 3 heures par jour et en retour les 3/4 du salaire normal pour un professeur de l'animation pour la jeunesse et la culture». Seulement 30% des 1202 diplômés au chômage ont été recrutés Parallèlement, lors de la clôture, vendredi dernier, de la conférence des commissaires régionaux à la jeunesse et aux sports, M. Mohamed Aloulou a affirmé que le ministère déploie de grands efforts pour trouver le plus grand nombre possible d'emplois pour les diplômés des filières qui relèvent du département selon des critères bien déterminés qui prennent en considération notamment l'ancienneté du diplôme, la fonction et les cas sociaux spécifiques. Il a fait observer que les souffrances des jeunes diplômés sans emploi découlent des accumulations enregistrées sous l'ancien régime, indiquant que le ministère est soucieux de lever les injustices et de rattraper le temps perdu. En revanche, il a insisté pour que les jeunes soutiennent les efforts de l'Etat destinés à impulser le rythme de création des postes en comptant sur eux-mêmes dans la recherche des opportunités d'emploi. Il a ajouté qu'autant il comprend les revendications des jeunes chômeurs diplômés, autant le recours au sit-in ne se justifie pas et n'est d'aucune utilité pour régulariser leur situation, soulignant que cela aura une influence négative sur la marche des activités du ministère. Rappelons que le ministère de la Jeunesse et des Sports est parvenu à créer 1232 postes d'emploi alors que seulement 370 postes étaient prévus. Le nombre des demandeurs d'emploi dans les secteurs de la jeunesse, des sports et de l'éducation physique est de 6909 parmi les diplômés des promotions de 2004 à 2010. Ils sont répartis sur trois filières, à savoir 4015 en éducation physique, 1602 en sport et 1202 dans le domaine de l'animation de la jeunesse et de la culture (dont 363, soit l'équivalent de 30% de l'effectif, ont été embauchés par le ministère). Enfin, toujours selon les dires des manifestants, ils comptent entamer une grève de la faim les prochains jours si le ministère continuera à marginaliser leur mouvement et à ignorer leurs requêtes.