• Ils ont quitté les côtes somaliennes en direction de Djibouti où un avion affrété par le ministère du Transport les attend pour rentrer au bercail. Dernière étape d'une rude épreuve Ils sont 32 personnes dont 22 Tunisiens, l'équipage du navire Hannibal II pris en otage par des pirates somaliens depuis le 11 novembre 2010. Quatre mois et 5 jours de mauvais traitement, de faim, de maladies et de fièvre, un long périple pour retrouver sa liberté. Ironie du sort, alors que le pays recouvrait sa liberté et réalisait sa révolution, nos hommes essayaient tant bien que mal de garder espoir. Ils sont 32 personnes dont 22 Tunisiens, l'équipage du navire Hannibal II pris en otage par des pirates somaliens depuis le 11 novembre 2010. Quatre mois et 5 jours de mauvais traitement, de faim, de maladies et de fièvre, un long périple pour retrouver sa liberté. Ironie du sort, alors que le pays recouvrait sa liberté et réalisait sa révolution, nos hommes essayaient tant bien que mal de garder espoir. Le vent de la révolution et toutes nos revendications et nos rêves d'un monde meilleur nous ont-ils fait oublier ces hommes en mer? Ce qui est certain, c'est que les familles de ces otages n'ont jamais baissé les bras. Elles ont même pris d'assaut le ministère du Transport le jour même où le nouveau ministre, Yassine Brahim, était nommé, et elles n'ont jamais cessé de dire que les négociations allaient au ralenti et que rien ne se laissait sentir. Dans un dernier élan, dernier recours : le nouveau ministre, celui qui représente à leurs yeux le changement et la révolution. «Ce jour-là ( il y a plus d'un mois) et les jours qui ont suivis ont été un tournant décisif dans les pourparlers et les négociations avec les pirates, explique l'attaché de presse du ministère. C'est à partir de ce moment-là que l'on a appelé l'amiral Cherif de la marine marchande ici même au ministère pour être le coordinateur entre tous les acteurs de cette opération, à savoir la Défense, les Affaires étrangères, l'armateur Farid Abbas et bien entendu le négociateur des pirates somaliens». Le scénario est digne d'un film à suspense avec tous les ingrédients qu'il faut pour bouleverser les âmes les moins sensibles. Un petit flash-back est peut être nécessaire : Le Hannibal II, en provenance de Malaisie et se dirigeant vers la Grèce, transportait de l'huile végétale. Le navire a été détourné après un bref stationnement dans le Golfe d'Aden où des pirates armés l'ont forcé à prendre la direction des côtes somaliennes. Depuis, une importante rançon est demandée, mais les négociations tardaient à trouver une issue. Entre-temps, «tout l'équipage est sur le pont. Ils sont les esclaves des pirates, ils doivent demander l'autorisation même pour les besoins les plus élémentaires. Plus d'eau potable, plus de vivres à part du poisson qui a pourri entre-temps. La situation de mon fils (le commandant de bord Faouzi Fradi) est critique, c'est lui le responsable de l'équipage qu'il voit souffrir de fièvre et d'infection, et qui se sent totalement impuissant face à des hommes au bord de la dépression qui menacent de se suicider», nous a confié, il y a près de trois mois, le père du commandant de bord. Au bout de 5 mois de silence, de non-dits, de revendications et de lettres restées muettes, on arrive à la solution incarnée par l'amiral Cherif et les décisions pratiques et concrètes des ministères concernés. Départ pour la France, négociations directes et concrètes avec le négociateur des pirates, un avion en partance pour Djibouti. Le plus dur était certainement la journée du mercredi 16 mars car à cause de tracasseries administratives, on a pris du retard pour livrer la rançon. Les pirates commencent à s'agiter. Y aurait-il anguille sous roche ? Les Tunisiens nous tendent-ils un piège ? L'équipage est pris de panique, et on appelle Tunis. Il fallait savoir rassurer ces pirates et les faire patienter encore deux heures. Enfin, l'avion arrive et on livre la rançon mercredi à 16h00. Le téléphone sonne encore une fois vers 21h00, c'est le commandant de bord qui rappelle sa famille pour leur annoncer qu'ils rentraient demain, que l'argent est arrivé et que les pirates ont même eu le temps de bien compter les billets. Un ouf de soulagement et des larmes… Le jeudi matin, nos hommes et leur bateau ont quitté les côtes somaliennes, escortés par la marine française, dans six jours ils seront à Djibouti, et un avion tunisien les conduira chez eux. Ces hommes qui ont vu le pire ne seront pas près d'oublier ces derniers six mois. Ils n'auront pas besoin d'inventer des histoires pour coucher leurs enfants qu'ils n'ont pas vus depuis longtemps, ils ont une grande aventure à raconter, une aventure d' hommes vaillants et de pirates méchants, de bateau et d'avion sauveur... La réalité dépasse souvent la fiction. Le navire en route vers le port de Djibouti Des frégates et des hélicoptères français escortent, actuellement, le navire «Hannibal II» qui fait route vers le port de Djibouti, après la libération, hier matin, des membres de son équipage. Le gouvernement français a contribué, activement, aux côtés du gouvernement tunisien, aux négociations avec les pirates somaliens qui avaient détourné, depuis quatre mois, le navire. La France a suivi les différentes étapes des négociations en coordination avec le capitaine du navire, approvisionné l'équipage en produits alimentaires et médicaments et dépêché une équipe médicale pour lui apporter les soins nécessaires. Un avion civil tunisien devra quitter le pays pour rapatrier l'équipage tunisien, dès son arrivée au port de Djibouti, dans trois jours.