L'Association des magistrats tunisiens (AMT) a organisé, hier, une réunion, à laquelle ont assisté un grand nombre de magistrats, d'avocats et de représentants des composantes de la société civile : associations, instances et syndicats, ainsi que de partis politiques, et ce, dans le cadre de la célébration de la Journée nationale de l'indépendance de la magistrature, proclamée par l'Association, lors de son assemblée générale, tenue le 13 mars. Les magistrats, participant à cette réunion, ont scandé plusieurs slogans dont "Le peuple exige une justice indépendante", "Le Conseil supérieur de la magistrature doit être élu" et "Le sang des martyrs = l'indépendance de la magistrature". Ils ont, également, appelé à demander des comptes aux symboles de la corruption financière et administrative dans le corps de la magistrature, et réparer les injustices et à protéger les libertés. Ils ont, d'autre part, déploré le refus du pouvoir exécutif d'interagir avec leurs revendications qui s'inscrivent dans le droit-fil des aspirations de la révolution du peuple, appelant à être impliqués dans les différentes échéances de la transition démocratique, y compris l'institution de leur représentativité au sein de l'Assemblée nationale constituante, ce qui est de nature à garantir leur contribution à la conception des orientations futures du pays. Le président de l'AMT, Ahmed Rahmouni, a fait observer que la Journée nationale de l'indépendance de la magistrature est "un appel lancé à l'opinion publique et aux forces vives de la Tunisie afin de tirer leur attention sur la question et de confirmer l'impératif d'aller de l'avant sur la voie de l'enracinement des garanties nécessaires pour assurer l'indépendance du pouvoir judiciaire". Il a affirmé que la Tunisie ne pourra connaître la véritable stabilité sans l'ouverture sérieuse du dossier de la magistrature et la concrétisation des revendications des magistrats, dont en particulier : - Le démantèlement du système de tutelle sur la magistrature et les magistrats. - L'orientation vers le règlement des questions urgentes afférentes à la justice judiciaire, administrative et financière. - Election de conseils supérieurs de la magistrature provisoires en vue d'examiner les problèmes professionnels des magistrats et d'introduire les changements attendus sur le secteur. De son côté, Kalthoum Kannou, secrétaire générale de l'AMT, a souligné que la célébration de la Journée nationale de l'indépendance de la magistrature vise, d'une part, à informer l'opinion publique de la situation de la magistrature et, d'autre part, à protester contre la politique des portes fermées adoptée par le ministère de la Justice concernant les revendications des magistrats. Il convient de rappeler que les magistrats, les avocats, les notaires et les huissiers de justice participent, aujourd'hui, à la célébration, dans les régions, de cette journée, à travers des manifestations diverses (sit-in et conférences) devant les tribunaux, pour revendiquer l'indépendance de la magistrature et l'assainissement de l'appareil judiciaire des symboles de la corruption.