L'histoire des coffres est rarement innocente. Il s'y accroche une mythologie, un imaginaire, des légendes, des traditions, qui font que ce meuble, qui fut probablement le premier, avec le lit, porte en lui une charge étonnante. On parle de coffres au trésor, de coffres de mariées, de coffres à bijoux, de coffres à jouets, de coffres de voyage, de coffres de marins, de coffres de voiture. C'est autour du coffre que Mohamed Messaoudi et l'atelier Driba organisent en partenariat avec la fondation Oriestadi, et le soutien d'un mécène, une grande exposition au tout début du mois de mai. Celle-ci se fera à cheval sur deux lieux prestigieux, le palais Kheireddine et le Dar Bach Hamba, et présentera une des plus grandes collections de coffres jamais réunie. Cela fait longtemps que Mohamed Messaoudi sillonne la Tunisie, à la recherche de ses coffres. On l'a vu dans les lieux les plus improbables, les coins les plus reculés, pister le modèle unique que seul recèle ce village oublié, ou cette famille ignorée. On l'a vu récupérer des coffres transformés en mangeoires à bétail, mais qui gardaient encore le souvenir d'une polychromie exceptionnelle. Cela fait, en fait, plus de 20 ans qu'il cherche à réunir l'ensemble le plus large possible du point de vue stylistique et typologique de ces bois peints. Et sa collection, qui s'étend de la fin du XVIIe siècle au début des années 60, couvre tout le pays, du nord au sud. C'est ainsi que les pièces les plus anciennes, originaires de Kairouan, d'inspiration andalouse, rappelleraient les premiers bois peints de Jemaâ Okba Ibn Nafaâ. Les plus somptueuses viennent de Tunis, où se trouvaient la cour et le pouvoir. Un ensemble étonnant, reproduisant des motifs de stèles puniques et de tatouages de femmes, proviennent de régions enclavées du Cap Bon. On a complété l'exposition par quelques très belles solives de plafonds peints, ainsi que par une jolie collection de marfaâas, rachakas, et porte-chéchias. Cette exposition, qui sera la première consacrée à cet élément si important de notre patrimoine, et de nos arts décoratifs, était en gestation depuis 5 ou 6 ans. Il fallait, cependant, restaurer les coffres, et pour cela, le budget étant conséquent, trouver un mécène. Mohamed Messaoudi souhaitait également accompagner cette exposition d'un livre, premier document consacré à cette technique ancestrale. L'exposition est prévue pour le 1er mai prochain.