Reprendra, reprendra pas ? Aux arrêts depuis le 9 janvier, le championnat de la Ligue 1 de football devrait repartir les 16 et 17 avril avec la 15e journée. Seulement, ce retour aux activités risque d'être renvoyé aux calendes grecques La ligue professionnelle a beau communiquer le programme de cette 15e ronde qui comporte trois matches avancés au samedi 16 avril: EST-CAB, ESS-CSHL et ASG-CA, il n'en demeure pas moins que rien n'est acquis : un nouveau renvoi risque d'être décrété si, d'aventure, la fédération ne parvient pas à un accord avec les clubs de l'élite sur l'épineux volet de la sécurité dans les stades. Aujourd'hui, les présidents et représentants des clubs de L1 se réuniront avec l'exécutif de la FTF. Selon certaines indiscrétions, ils vont exiger une condition nécessaire à toute reprise : l'assurance de la présence dans les stades d'un service d'ordre qui ne pourrait pas prendre la forme des fameux stadiers, compte tenu de l'absence de toute formation de ce corps tout à fait nouveau dans le décor du football national — contrairement à celui de la majorité des pays du Vieux continent — et des ambiguïtés relevant de son champ et moyens d'intervention. Les patrons des clubs de L1 refusent toujours de se lancer tête baissée et sans aucune garantie dans une formule que le Club Africain a été le seul à expérimenter jusque-là dans un contexte officiel, soit à l'occasion de ses sorties africaines. D'ailleurs, chacun a pu mesurer les limites et les carences de l'expérience, notamment en Egypte où ces fameux stadiers, reconnaissables à leurs survêtements, furent débordés et quasiment d'aucun secours, samedi dernier, dans l'envahissement par le public d'Ezzamalek de l'enceinte cairote. Un envahissement où le déchaînement de la violence a failli tourner au drame. Les stadiers suffiront-ils ? Il n'est, en effet, jamais de trop de se méfier, le pire pouvant survenir, l'impondérable et l'aléatoire n'attendant jamais de se faire annoncer. Les clubs le savent parfaitement. Les incidents d'une reprise en Ligue 2 pourtant décrétée à huis clos confirment les craintes. C'est pourquoi ils insistent sur une présence d'un service de sécurité identique à celui auquel ils étaient habitués dans les stades du pays. L'expérience des stadiers, pour être crédible, demande un certain temps nécessaire à leur recrutement, leur formation, leur encadrement et à la définition de leurs prérogatives. En cas de grave provocation d'un groupe de supporters, par exemple, comment doivent-ils réagir? Jusque-là, la reprise de la compétition nationale-reine butait sur la crise financière que traversent tous les clubs en raison de la longue trêve, laquelle a généré un tarissement des recettes (droits TV, sponsors, promosport, subventions des autorités régionales, recette aux guichets…). Ce cruel manque à gagner place les associations, dont on connaît les multiples charges, à commencer par les salaires et primes des joueurs professionnels, sur la voie d'une banqueroute annoncée. Maintenant vient se greffer sur le corps desséché et aride de la crise financière un autre souci non moins crucial : celui de la sécurité à assurer dans les enceintes sportives. Pourtant, l'ordre des priorités relègue peut-être les compétitions sportives dans un ordre secondaire, car la phase post-Révolution que vit le pays fait aujourd'hui que la sécurité dans les stades peut ressembler à un luxe qu'il ne peut pas se permettre. «Faites avec les moyens dont vous disposez!», entend-on dire. Les clubs ne veulent pas prendre ce risque d'autant qu'ils savent pertinemment que ce dont ils disposent pour assurer l'ordre dans les stades, c'est-à-dire les stadiers, ne sont pas encore prêts à honorer une si lourde charge. Un nouveau report (qui signifierait pratiquement une saison blanche) risque malheureusement de pénaliser financièrement encore plus les clubs et de priver ceux toujours en course sur la scène africaine de la compétitivité, du rythme et de l'intensité dont ils manquèrent cruellement aux seizièmes de finale des coupes continentales. Bref, la situation est compliquée et l'on ne voit pas comment la FTF et les clubs de L1 vont trouver un terrain d'entente. Une reprise à huis clos comme en Ligue2 ? On va voir…