• Quatre critères pour déterminer l'enveloppe budgétaire à attribuer à chaque gouvernorat • 80% du budget de 2011 seront alloués à des projets dans les régions intérieures • Les conseils régionaux constitueront la pièce maîtresse du programme de développement des régions Une enveloppe de 251,3 millions de dinars est consacrée pour le programme complémentaire de développement régional. Ainsi l'investissement global relatif à l'année 2011 pour les projets et programmes à caractère régional sera de l'ordre de 1.483 millions de dinars (1.232 millions de dinars prévus par la loi de finances de 2011). Il convient de rappeler que ces montants seront révisés à la hausse dans la loi de finances complémentaire de cette année, visant a orienter davantage les investissements à l'intérieur du pays. C'est ce qu'a dévoilé M Abderrazak Zouari, ministre du Développement régional, lors d'une conférence de presse, tenue hier à Tunis. La démarche adoptée pour l'allocation de ces ressources consiste à faire ressortir les gouvernorats prioritaires afin de déterminer l'enveloppe budgétaire à attribuer. Pour ce faire, le ministère a fixé des critères de classement des gouvernorats, côtiers d'une part et de l'intérieur d'autre part, qui sont le poids de la population, le taux de chômage global, le taux de chômage des diplômés du supérieur et le taux de pauvreté. Ces critères constitueront une base de calcul d'un score pour chaque gouvernorat sur lequel les budgets seront alloués. «Ces critères seront appliqués pour le court terme. Pour le prochain gouvernement, je suggère d'élargir les critères pour mieux valoriser le potentiel des régions», a relevé le ministre. Le développement régional, a-t-il ajouté, a souffert de plusieurs handicaps. En effet, l'approche basée sur la responsabilisation des régions à l'égard de leur propre développement économique et social a manqué d'institutions locales transparentes et compétentes, d'une infrastructure adaptée, d'une politique fiscale et financière appropriée et une bonne coordination avec l'administration centrale. A cet égard, le ministre a précisé : «L'objectif de notre processus démocratique est de combler le fossé entre citoyen, société civile et secteur public». Des pôles économiques décentralisés S'attardant sur la gouvernance, le ministre a insisté sur la vulgarisation des pratiques de bonne gouvernance. «Avec les mêmes investissements, l'amélioration de la gouvernance est de nature à élever les taux de croissance», a-t-il souligné. Dans ce cadre, l'analyse de la gouvernance renvoie à l'articulation entre le secteur public, le marché et la société civile. La bonne gouvernance se caractérise par la transparence fondée sur la disponibilité et la fiabilité de l'information, la responsabilisation des pouvoirs publics et la participation à la prise de décision, notamment les couches sociales les plus défavorisées. Dans cette étape critique, résoudre les problèmes des investisseurs est une priorité. Il a rappelé : «J'ai reçu des dizaines d'investisseurs ayant des problèmes de déclassement de terrains, de financement, d'autorisation…». De même, les conseils régionaux constitueront la pièce maîtresse de tout programme de développement des régions. «C'est sur la base des rapports des gouverneurs qu'on a dressé ce programme complémentaire. C'est aux conseils régionaux, élus et représentatifs de la société civile, des opérateurs privés et de l'Etat qu'incombe l'affectation de ces ressources», a expliqué le ministre. Pour dynamiser les investissements dans les régions, le ministre a présenté une vision basée sur un nouveau découpage économique du territoire national. Ce qui ne coïncide pas forcément avec le découpage administratif. Au niveau de ces pôles économiques se dresseront toutes les politiques et les programmes, en concertation avec l'administration centrale. A cet effet, chaque pôle gérera souverainement les projets prioritaires. Mieux encore, des parrainages entre les banques et les régions, des coopérations internationales régionales pourront voir le jour suite à l'accentuation de la décentralisation des décisions. L'un des directeurs au sein du ministère a déploré : «Les journées de sit-in, de grèves, les changements de gouverneurs et les déménagements successifs du siège du ministère ont accablé nos programmes». Pour sa part, M. Zouari a rassuré : «Le coût de la révolution est certes élevé, mais les bénéfices escomptés seront largement supérieurs et justifieront le soulèvement du peuple. L'investissement en démocratie et la vulgarisation des pratiques de bonne gouvernance auront le mérite de porter à plus de 7 ou 8% les futurs taux de croissance».