De notre envoyé spécial à Washington, Lassaâd BEN AHMED • Robert B. Zoellik‑: «Il faut cesser le harcèlement des pauvres» • La Banque mondiale accordera une aide de 500 millions de dollars à la Tunisie La Tunisie a constitue jeudi le point focal de la séance inaugurale des assemblées du printemps de la Banque mondiale et du FMI. Robert B. Zoellick a tiré la sonnette d'alarme‑: l'augmentation et la volatilité des produits alimentaires ont aggravé les crises en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Suite à ces crises a-t-il noté, les prix de la nourriture ont augmenté de 36% par rapport à l'année dernière et avoisinent les pics de l'année 2008. Il a expliqué que 44 millions de personnes ont plongé dans la pauvreté depuis juin dernier et si l'indice des prix alimentaires augmente de 10%, il y aura encore 10 millions supplémentaires qui vont les rejoindre dans l'extrême pauvreté (moins de 1.25$ par jour). Il a poursuivi dans cet ordre d'idées que la Banque mondiale accordera une aide budgétaire à la Tunisie de l'ordre de 500 millions de dollars, qui s'ajouteront aux 700 millions de dollars octroyés par d'autres donateurs. Toutefois, considérant que l'accès à la nourriture n'était pas la principale cause de la Révolution tunisienne, le premier responsable de la Banque mondiale a expliqué que les réformes devraient focaliser sur la liberté d'association, l'accès à l'information, la transparence des transactions publiques, réduire les inégalités économiques entre les régions, booster le contrôle et l'audit interne et créer un programme pilote pour l'emploi. Dans ce contexte précis, il a précisé que «nous devons nous rappeler que la Révolution tunisienne a commencé avec l'immolation d'un jeune vendeur de fruits harcelé par les autorités. Il faut donc cesser de harceler les pauvres», a-t-il insisté, le regard ferme, en présence des représentants des médias du monde entier. Il a annoncé sa prochaine visite en mai en Tunisie et exprimé la volonté de la Banque mondiale de soutenir les efforts de la Tunisie à limiter les impositions arbitraires de régulation. Par ailleurs, M. Zoellik a affirmé que la situation en Afrique du Nord et au Moyen-Orient est traitée avec beaucoup d'intérêt par d'autres instances comme l'International Finance Corporation (IFC), le groupe des banques multilatérales qui discutent aujourd'hui «les défis de la région Mena», notamment en ce qui concerne l'emploi. Il a annoncé à ce propos que l'IFC et le groupe de la Banque islamique de développement mobiliseront entre 1.5 et 2 milliards de dollars dans le monde arabe durant les cinq prochaines années. S'agissant de la question de la nourriture, Zoellick s'est félicité que la France place la nourriture au premier rang de sa présidence du groupe du G-20, affirmant que le G-20 est un cadre propice pour réaliser des pas en avant en ce qui concerne les cours des produits et la sécurité alimentaire.