Le 14 janvier 2011 était, certes, le jour de la rupture avec le régime politique en faillite, mais pas seulement ça, c'était la date de la rupture avec toutes les pratiques ancrées dans le plus profond de chaque Tunisien, dont celle de garder toujours un œil fermé. Garder un œil fermé c'est ne voir que la moitié de la réalité et, en général, la bonne moitié, pas la face volontairement cachée. Ne jamais en parler, c'est faire, le dit l'adage : «Il ne faut jamais mettre la main dans des nids de vipères par crainte de morsures». Tout ça est présumé fini. En principe, il n'y a plus de vipères, mais si les vipères sont neutralisées, demeurent les hyènes qui s'acharnent sur les carcasses déjà amplement entamées. Je parle de ces hauts responsables désignés par le régime déchu qui s'agrippent tant qu'ils peuvent au lieu de dégager et laisser leurs places à ceux qui peuvent faire avancer les choses, ceux qui peuvent donner et non seulement recevoir. Hélas, et bien que la principale préoccupation du gouvernement actuel est de trouver du travail pour les chômeurs, on assiste encore à des prolongations en faveur de plusieurs individus ayant dépassé l'âge de départ à la retraite, ces individus qui touchent deux émoluments, à savoir une pension de retraite et un salaire sous forme d'honoraires pour services rendus. Le jeu est simple et pratiqué un peu partout dans des milliers de sociétés tunisiennes Monsieur X a atteint 60 ans, il commence à toucher sa pension de retraite, mais il continue à occuper son bureau et sa fonction. Il n'a qu'à présenter une patente en tant que prestataire de services et le tour est joué. N'est-ce pas une faute grave que de s'opposer à la volonté du peuple de recruter un maximum de chômeurs, n'est-ce pas un crime que de s'éterniser dans sa fonction comme le voulait le président déchu. L'alternance est l'une des règles immuables de la nature, ne la déréglons pas davantage, et légiférons pour que tout cela ne se reproduise plus.