Bureau de Sfax — Travailler dans un environnement très pollué ou préférer le chômage tout en préservant un environnement sain, que choisir ? Une grande partie des travailleurs de l'usine des phosphates de Sfax, Siape, a choisi de préserver les postes d'emploi dans une usine vétuste dont le démarrage de la production remonte à 1947. Ainsi, ils ont interdit, hier à Sfax, l'organisation d'une conférence portant sur les perspectives de développement de la région de Sfax après la fermeture de cette usine, prévue en juin prochain. Cette conférence, à l'initiative de l'Association de protection de la nature et de l'environnement de Sfax "Apnes", a suscité la colère de centaines de travailleurs de la Siape qui se sont réunis devant l'hôtel où devait se tenir cette rencontre scientifique. Ces travailleurs qui ont réussi à empêcher l'organisation de cette conférence ont exprimé leur crainte d'une éventuelle fermeture de cette usine qui emploie plus de mille ouvriers. Agacés par le syndrome du chômage, ces derniers ont crié "Dégage !" aux membres de l'association. Reste que la décision de fermeture de l'usine ne revient pas à ladite association. Cette dernière n'a fait que sensibiliser toutes les parties concernées aux moyens de dépolluer la zone industrielle où est implantée la Siape et son utilisation dans d'autres activités non polluantes. La décision de fermeture a été prise dès 2008, son application est prévue pour juin 2011. Un délai de trois ans a été accordé au Groupe chimique tunisien pour pouvoir construire les unités qui prendront la relève de la Siape. Très ancienne, cette dernière est très polluante. Elle dégage 280.000 mètres cubes/heure de gaz toxique et 1.660 tonnes de phosphogypse par jour. Bref, la pollution causée par cette usine est l'équivalent de celle dégagée par les unités de la zone industrielle de Gabès réunies ! Les problèmes de l'environnement et de la santé dans la région se sont accrus ces dernières années surtout que cette unité se trouve entourée de zones urbaines de forte densité. A rappeler qu'il a été alloué au Groupe Chimique Tunisien un budget de 150 millions de dinars pour le démantèlement des installations et pour la restauration du site de la Siape, sise au km3 de la route de Gabès, dans la banlieue sud de Sfax.L'arrêt total de l'usine se fera en 2011 alors qu'un transfert progressif des activités de production vers les sites de Siape 2 et Siape 3 dans la ville de la Skhira a eu lieu il y a deux ans.