“Durant les mois à venir, le défi le plus pressant sera celui du financement des banques et des Etats, notamment dans certains pays vulnérables de la zone euro. Les risques géopolitiques pourraient aussi peser sur les perspectives économiques et financières, puisque les cours du pétrole s'inscrivent nettement en hausse, alimentés par les craintes de perturbations de l'offre au Moyen-Orient et en Afrique du Nord”. C'est entre autres, ce qui a été mis en relief au siège du FMI à Washington lors d'un briefing tenu à l'occasion de la publication du rapport sur la stabilité financière dans le monde (avril 2011). José Viñals, directeur de département des marchés de capitaux du FMI, précise à ce propos, que les risques financiers ont été atténués, mais qu'il existe toujours des défis au niveau souverain et des banques, aussi bien qu'à celui des ménages et des marchés émergents. Le responsable du Fonds monétaire international dresse, en effet, un état des lieux optimiste des finances mondiales, dû essentiellement à “l'amélioration des perspectives économiques dans le monde et au maintien des politiques accommodantes”. Le rapport stipule à ce propos que “Le système financier mondial a gagné en stabilité durant ces six derniers mois”. Cependant, "la confiance n'est pas encore rétablie", note M. Viñals, faisant état d'incertitudes persistantes, liées, notamment, aux crédits immobiliers et à la faiblesse de certaines banques. Pressions sur le secteur souverain et endettement des ménages Il explique également que “le secteur souverain a subi encore des pressions dans plusieurs pays avancés et que l'endettement des ménages demeure élevé, de façon à peser sur la régénération des ressources bancaires, et par là, sur la reprise mondiale''. En ce qui concerne les pays émergents, le défi reste lié à la relance de la demande intérieure, à la croissance rapide du crédit, aux politiques macroéconomiques relativement accommodantes et aux importantes entrées de capitaux. A ce niveau précis, le FMI prévient le risque de surchauffe dans certains pays émergents. Face à cette situation complexe et à plusieurs vitesses, le FMI recommande, dans son rapport, de veiller au rétablissement de la confiance au marché au plus vite, et d'atténuer le recours excessif au financement de la Banque centrale. Dans la zone euro, il faudra considérablement consolider les bilans bancaires. “Cela exigera un relèvement des niveaux de fonds propres, pour prévenir les effets pervers d'une inversion du levier financier, et certaines banques, pour l'essentiel des établissements plus petits, devront être restructurées, voire soumises à une procédure de résolution”. Le rapport recommande également que : “Il faudra élargir les volants de fonds propres des banques et renforcer leurs bilans à mesure que les pays puissent évoluer vers un régime réglementaire nouveau et plus exigeant”. “Les pays où le système bancaire reste aux prises avec de graves difficultés, doivent accroître la transparence (y compris par des tests de résistance plus rigoureux et plus réalistes) et recapitaliser, restructurer, voire liquider (si nécessaire) les établissements fragiles”. Sans ce type de réformes à plus long terme du secteur financier, conclut le rapport du FMI, “les contraintes de financement à court terme risquent d'aboutir à un autre problème de liquidité systémique”. Les effets des matières premières La volatilité des cours des matières premières et ses effets sur la stabilité financière globale et notamment sur les pays en développement et à faible revenus a été évoquée lors de ce meeting, grâce à une question de La Presse. La hausse des cours des matières premières pourrait, en effet, peser sur les budgets des Etats et des ménages, et se traduire par un recours plus significatif à l'endettement. En réponse à cette question, M. Viñals a affirmé que les cours du pétrole et des matières agricoles ont observé une augmentation d'un certain niveau. «Et la question est de savoir ce qui va se passer si ces cours augmentent davantage». «Il est évident, a-t-il expliqué, que s'il y a une hausse plus importante, cela aura un impact sur l'inflation globale et sur l'activité économique globale et cela conduira à des politiques monétaires réactives. Ces politiques auraient des conséquences au niveau de la tarification des actifs financiers et cela aurait une répercussion sur les valeurs des actifs des ménages et des institutions financières. C'est un scénario central que nous sommes en train d'observer». «L'autre option, a-t-il précisé, c'est de recourir à la financialisation des marchés des matières premières qui devient de plus en plus comme support d'investissement». Dans cet ordre d'idées, M. Peter Dattels, économiste du FMI, a mis l'accent sur l'importance de répondre rapidement en termes de politique monétaire, à la hausse des matières premières pour éviter un deuxième cercle d'effets inflationnistes. Autrement, la question est objet de médiation aussi bien au niveau du FMI, que de la Banque mondiale, que du G20, etc.