L'intervention du Pr Robert Badinter a été suivie par les participants au colloque avec un intérêt particulier. Pour sa clarté, son objectivité et sa dimension pédagogique. La Presse a posé quatre questions au Pr Badinter. Réponses. Quels sont les mécanismes à mettre en œuvre afin de garantir la réussite de la transition démocratique ? C'est au peuple tunisien qu'il revient de répondre à cette question. Il est appelé, à mon avis, à se mobiliser en vue de tracer la voie de la réussite. D'abord en choisissant librement ses gouvernants et en balisant le chemin à la consécration de la liberté de la presse, sans oublier pour autant la garantie de l'ordre. La participation de la société civile, avec ses différentes composantes, est aussi à encourager par tous les moyens. Il ne faut pas oublier qu'en définitive, c'est l'Assemblée constituante qui sera issue des prochaines élections qui décidera de l'avenir de la Tunisie. Qu'est-ce que le peuple est en mesure de réaliser concrètement pour mener la transition à bon port ? Le peuple est appelé à participer massivement aux débats démocratiques qui se déroulent un peu partout à travers la Tunisie et à refuser les tentatives de désordre qui risquent de discréditer la belle révolution tunisienne. Ce qui s'est passé en Tunisie est exemplaire. La révolution tunisienne est un exemple pour tous les pays arabes. Je suis convaincu que les Tunisiens vont réussir et montrer au monde que la démocratie peut s'appliquer dans le monde arabe. Que pensez-vous de la décision de l'Instance supérieure de protection de la révolution relative à la parité hommes-femmes sur les listes de candidature à la prochaine Assemblée constituante ? La parité est une grande victoire pour la femme tunisienne. C'est un impératif majeur pour une véritable démocratie. Cette décision est un engagement émouvant sur la voie de la consécration de l'égalité entre les hommes et les femmes. Pour ceux qui croient à l'égalité et qui ne transigent pas sur cette question, c'est un grand événement. Comment réagissez-vous quant au choix de l'Instance supérieure de la protection de la révolution d'opter pour le système de liste à la proportionnelle ? C'est une exigence qui a été retenue en vue de l'élection de l'Assemblée constituante en juillet prochain. Il demeure que c'est un choix qui doit être réexaminé dans la mesure où ce mode peut être à l'origine de l'instabilité gouvernementale, d'où la nécessité de penser à un autre système qui éviterait les problèmes ou dérives à l'avenir.