L'année 1899 constitue une date charnière dans l'histoire de la boxe tunisienne. En effet, c'est à partir de cette année que le noble art entame sa gestation en Tunisie. Des associations sportives voient le jour, tentant d'encadrer cette discipline selon de nouvelles normes. Jusqu'à l'année 1914, on compte une quarantaine de sociétés sportives, essentiellement européennes, de gymnastique et de préparation au service militaire, d'escrime, de course hippique, de cyclisme dès la fin du XIXe siècle, puis de rugby (1901) et de football à partir de 1904. La Musulmane, première société sportive tunisienne La Musulmane, première société sportive tunisienne (puis musicale et sportive), a été fondée le 8 avril 1905. Cette fondation précède de quelques mois la constitution de l'Association des anciens élèves du collège Sadiki. La Musulmane est encouragée par les autorités coloniales pour la pratique des sports bénéficiant du patronage aussi bien de la cour beylicale que de l'administration française en Tunisie qui considérait le sport comme un moyen d'assimilation des Tunisiens à la culture française. Outre le patronage du Bey, celui des dames tunisiennes est un élément nouveau en Tunisie au début du XXe siècle. La «Beya» régnante, Qmar, et la princesse Nazli sont toutes deux présidentes d'honneur de la Musulmane, en plus des personnalités officielles françaises, comme le résident général, le secrétaire général du gouvernement tunisien et le commandant de la division d'occupation en Tunisie. Ses fondateurs et dirigeants sont des notables de la Ville de Tunis. Pour y être admis, il faut être âgé d'au moins quinze ans et payer une cotisation d'un franc, à condition d'être agréé par le comité directeur. «La boxe, qui est devenue une canalisation de la violence et du nationalisme, doit son succès au drame latent qu'elle recèle et aux passions qu'elle suscite», écrit Pierre Mangioni dans son introduction à La fabuleuse histoire de la boxe (Paris Editions de la Martinière 3ed.). Plus que les autres disciplines, l'une des fonctions sociales du sport est de servir de moyen de «défoulement». Mais ce qui a joué le plus pendant la période coloniale, c'est le phénomène de la projection de soi-même sur un boxeur et l'identification d'un individu ou d'un groupe avec un boxeur qui porte la bannière d'un pays ou d'une ville. L'Entre-Deux guerres a vu l'émergence de grands boxeurs tunisiens, comme les frères Ali et Hamda Ben Saïd, qui ont disputé des matches en France et en Espagne, Hassen El Karrêche, le pionnier de la boxe tunisienne, son neveu Gaman, Salah Belkhéchina, Buffi, Berret, Métoudi, Zeïtoun et Bismut, puis les Spartiello, les frères Perez Kid et André, Ali Ben Saïd, Ben Tahar et Mokhtar Ben Mrad. Enfin, tous ceux qui ont émergé au cours des années quarante : Tijani Jeune, dit «la mitraillette», Brahim Jeune, Sadok Bahri, Amor Tahar, Bill Jo, Annaloro, Riella et Riggi et tant d'autres. Sans compter ceux qui se sont distingués après l'Indépendance : Sadok Omrane (débuts aux JO de Rome en 1960)), Ahmed Lamine (carrière internationale à partir de 1960), Rezgui Guizani (léger, né le 1er avril 1934 à Tunis, performances à partir de 1957), puis Tahar Ben Hassen (dès 1971) (Source Rawafid, n°12, 2007 Sport et société en Tunisie à l'époque coloniale par Habib Belaïd).