Les poches de sang en Tunisie ne sont pas en mesure encore, malgré l'évolution constatée au fil des ans, de satisfaire les besoins de plus en plus importants. Résultat : plusieurs personnes meurent faute de sang. C'est ce que constate avec amertume M. Fethi Bouallègue, président de l'Association tunisienne pour la promotion du don du sang qui œuvre depuis sa création à la promotion du don du sang en organisant nombre d'activités en vue de mobiliser les donneurs en collaboration avec les structures de transfusion sanguine et en animant des séances d'information, d'éducation et de communication dans les établissements scolaires et universitaires. L'association compte participer activement à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale des donneurs de sang, le 14 juin, placée cette année sous le thème : "Plus de sang, c'est plus de vie". Notre interlocuteur estime que "depuis 2003, notre association a assurer la promotion du don du sang avec l'impulsion du centre national de transfusion sanguine". Les besoins doivent être au moins de 200.000 poches selon l'Organisation mondiale de la santé. Or, les quantités disponibles en 2003 n'était que de 130.000 poches. Grâce aux activités de l'association notamment, on est parvenu à atteindre l'année dernière 195.000 poches, ramenant le déficit à 5.000 poches seulement. On constate que des accidents de la route et des hémorragies peuvent être fatales à cause d'un manque de sang. Une femme enceinte qui a fait une hémorragie a besoin, par exemple de 50 à 60 poches de sang pour pouvoir être sauvée. D'où la nécessité d'avoir une stratégie du don de sang qui doit reposer, comme l'a souligné M. Bouallègue, "sur le diagnostic de la situation pour déceler les points forts et les points faibles et mettre en place un plan technique en donnant l'importance nécessaire aux services chargés de la transfusion sanguine qui répondent aux normes de sécurité". Le président de l'association a mis en exergue certaines faiblesses constatées et qui ont trait notamment à la défaillance au niveau de l'accueil, ce qui ne permet pas de fidéliser les donneurs. En effet, les structures d'accueil sont pratiquement absentes tout comme la communication. Pourtant, il faut convaincre les donneurs de la nécessité de renforcer le don du sang et éliminer certaines idées reçues ayant trait, par exemple, à la sécurité lors de la transfusion. A noter que le matériel utilisé (seringue...) est à usage unique. Meilleure présence des unités de collecte L'encadrement du personnel chargé de la transfusion sanguine est également capital, dans la mesure où dans la plupart des cas, ce personnel est composé d'ouvriers qui ont acquis une certaine expérience dans les unités de collecte. En plus, il existe un manque de confiance des citoyens envers les structures de transfusion, estimant qu'ils ne sont pas prêts à donner du sang gratuitement, alors qu'ils doivent le payer quand ils en ont besoin. A cette question, M. Bouallègue explique que "la poche de sang vendue à 6 dinars et prise en charge par les caisses sociales revient à 100 dinars!" Le prix de vente devrait être uniformisé, car il est de 18 dinars dans le centre militaire de transfusion sanguine. Une stratégie nationale de promotion du don du sang s'avère donc d'une grande utilité. Elle doit se baser, selon notre interlocuteur, sur "le diagnostic, des objectifs déterminés, des mesures pertinentes pour parer aux manques". Aussi, des moyens humains —équipes intervenantes actuellement très limitées —et logistiques pour la collecte doivent être renforcés pour une meilleure présence des unités de collecte dans les principales artères et les grandes villes. La stratégie préconisée par l'association prône une adhésion des associations thématiques pour l'organisation de journées de collecte et de loisirs et de mobilisation sociale, ciblant particulièrement les jeunes dans les établissements scolaires et universitaires et une présence dans les espaces commerciaux comme Géant et Carrefour et les lieux de loisirs à Hammamet, Nabeul, La Marsa... Au cours des manifestations organisées, des services sont proposés comme la sensibilisation au sujet de la lutte contre le tabagisme, des séances de sevrage, de dépistage mammaire, de Sida, un examen de la tension artérielle, de la glycémie, en plus de la remise des cartes et des gratifications aux donneurs et la distribution des prospectus élaborés par l'association et distribués par des volontaires. Par ailleurs, un workshop sera organisé le 15 juillet à la Cité des sciences sur le don du sang en présence de spécialistes relevant des structures de transfusion sanguine, et ce, dans le but d'essayer de trouver des solutions aux problèmes posés dans ce domaine. L'association a préparé également des activités pour la saison estivale et en prévision du mois de Ramadan.