Découvrir Le Kef, ses splendeurs naturelles, ses forêts verdoyantes à longueur d'année, ses prodiges géographiques tout en hauteur et la richesse de son patrimoine : tels sont les principaux axes sur lesquels entend travailler le ministère du Commerce et du Tourisme pour mieux faire connaître les multiples atouts dont regorge cette région au demeurant considérée comme l'un des poumons de la Tunisie tant l'air y est frais et la nature souveraine. Car Le Kef n'est pas seulement la chaîne forestière de Ouergha où se perd la vue et se conjuguent les éléments d'un décor naturel somptueux, ni la Table de Jugurtha dont la hauteur à 1.271 m d'altitude surprend le visiteur et lui donne l'impression de la démesure et de l'ineffable beauté des lieux. Le Kef, c'est aussi ses monuments archéologiques renversants par leur aspect imposant et leur caractère singulier qui témoignent de la richesse du legs civilisationnel dont la région a bénéficié tout au long de son histoire et qui la rend, à bien des égards, l'une des grandes fascinations du pays. Se promener au Kef, au hasard d'une visite de passage ou guidée, permet au visiteur de découvrir toutes sortes de curiosités humaines, naturelles ou encore civilisationnelles. Il suffit d'ailleurs de s'engager quelque peu dans les labyrinthes de la Médina pour découvrir l'important brassage naturel que la ville a connu pendant plus de deux mille ans. On découvre, non sans émotion, des vestiges puniques ou romains dédiés, entre autres, à Vénus, déesse de la beauté et de l'amour et qui plus est a donné son nom à la ville : Sicca Veneria, du vrai nom romain de la cité. Dans la foulée, les medresas, les écoles coraniques, le mausolée de Sidi Boumakhlouf qu'un chef de mission diplomatique d'un pays ami a qualifié d'un vrai chef-d'œuvre luminaire, en ce qu'il dispose, a-t-il estimé, de beaucoup de caractères, même un peu plus que le site de Sidi Bou Saïd. Le musée d'art et tradition populaire constitue, lui aussi, l'une des pièces maîtresses de cette panoplie d'atouts merveilleux où trône le legs de plusieurs siècles de traditions sociales et culturelles illustrant le mode de vie de la population au cours du 20e siècle. On y découvre inlassablement tous les secrets du couple, de la cuisine, de la beauté, des sports équestres, des traditions juives, des cérémonies de mariage ou de fêtes religieuses et de la médecine naturelle, sans oublier de menus détails sur les activités artisanales ou agricoles. Quant au site de La Kasbah turque, il se présente comme l'unique citadelle à deux forts qui s'érige au cœur d'une ville islamique. Il a été, certes, relooké mais demeure peu exploité en matière touristique. Excepté les quelques manifestations culturelles qu'on organise ou le festival d'été de Boumakhlouf du Kef qu'il abrite pendant le mois de juillet, il est pratiquement toujours désaffecté. Quand bien l'on a parlé sous l'ancien régime d'un projet de promotion de la Kasbah, l'initiative est restée lettre morte. D'ailleurs La Kasbah se trouve dans un univers archéologique où se côtoient admirablement la basilique romaine, la synagogue juive, le site de Sidi Boumakhlouf et bien d'autres lieux révélant la richesse du patrimoine culturel et historique de l'ancienne Chakbanaria, l'autre nom que Le Kef a eu avant sa dernière appellation. Si les projets d'infrastructure actuellement en cours de concrétisation font croire que la ville est en voie de réhabilitation, il n'en demeure pas moins vrai qu'elle a besoin de beaucoup de soutien et d'une grande campagne de sensibilisation qui s'étalera sur plusieurs année afin que l'on parvienne à l'inscrire dans les grands circuits touristiques nationaux. Mais pour cela, il faudrait aussi prêter attention à toutes les carences qui ont marginalisé la région et entraîné tous les retards qu'elle connaît depuis plus d'un demi-siècle. La population ne perd cependant pas espoir, car le vent de liberté ne pourra que venir en aide aux régions de l'intérieur et leur permettre de combler de tels retards.