Le mérite de la victoire de Ons Jabeur à Roland-Garros revient d'abord à cette graine de championne, au courage exemplaire. A ses parents ensuite qui ont eu la patience et la constance pour accompagner leur enfant jusqu'au bout de son rêve. Partant de ce constat que partagent assurément beaucoup de Tunisiens, mes convictions de citoyen épris de justice et tenu de devoir d'équité interpellent pour dénoncer l'exploitation et la récupération éhontées de cet exploit. Pourtant, on s'est peu soucié du parcours de Ons avant la finale de l'Open de Paris puisqu'on a manqué à l'obligation d'inscrire notre championne sur les tablettes de Wimbledon. Preuve d'une gestion plus que contestable du tennis national qu'on s'est évertué à vouloir réserver à une caste, au mépris de la majorité de notre jeunesse, réservoir de talents ignorés. Sans oublier le triste feuilleton autour de la représentativité tunisienne à la Confédération africaine de tennis. Un article paru récemment sur les colonnes du journal La Presse a traité de ce dossier, posant le débat sur la réalité affligeante de la gestion du sport par certaines instances fédérales et certains clubs de notre pays. Saluons l'initiative de ce journal qui prend ses responsabilités. Elle nous met du baume au cœur. De plus, elle est de santé et de salubrité publiques. Après lecture, nous constatons impuissants que le sport en Tunisie s'enfonce inexorablement dans une crise sans précédent, avec des gestionnaires incapables d'esquisser le moindre semblant de révolte. Au contraire, nombreux sont ceux qui s'agrippent encore à leur siège, déconnectés de la réalité, arrogants et plus agressifs que jamais. Faut-il rappeler à ceux-là qu'un mandat n'est pas un titre de propriété et que l'assemblée reste souveraine pour évaluer un bilan et le cas échéant demander des comptes. L'unanimisme n'est plus de mise et les respnsables doivent s'accommoder des critiques. Nul ne détient la vérité absolue et la pensée unique est désormais enterrée. Les choses doivent impérativement changer en profondeur car le sport a besoin d'un environnement empreint d'une forte dose de sérénité et d'un comportement éthique de la part de tous. Cette œuvre de résurrection ne peut être réalisée sans une véritable sensibilisation aux maux qui rongent un secteur vital pour la vie de la collectivité nationale. Le seul privilège qui vaille est de servir le sport dont la vocation doit être avant tout formatrice et émancipatrice. Le pouvoir de la presse sportive, qui était sous l'ancien régime un pouvoir de nuisance se gavant de polémiques, versant dans le racolage et l'abjection, peut, à l'instar de ce qui a été amorcé par le journal La Presse, devenir un élément contributeur à une véritable réflexion et une prise de conscience collective. En effet, le rôle d'un journal et la mission d'un journaliste contribuent à éclairer par l'information et le commentaire le jugement du citoyen sur les aspects de l'actualité qui l'intéressent, avec bien entendu un souci d'équité, dans le respect des principes d'objectivité, en s'imposant une distance critique entre les faits et sa propre interprétation des faits, c'est là la préoccupation majeure si on veut faire œuvre utile. Il n'est plus permis d'attendre car l'œuvre à accomplir est immense et à la mesure des dégâts causés durant de trop longues années de sinistrose sportive, au grand bonheur des cafetiers.