Pour cette nouvelle édition du Festival international de Carthage, le ministère de la Culture a joué la carte de la sécurité et de l'économie. Afin d'éviter une grande concentration du public à l'amphithéâtre de Carthage, on a opté pour un programme éclaté entre le centre-ville et la banlieue nord: le théâtre de la ville de Tunis, La Karraka de La Goulette, Ennajma Ezzahra de Sidi Bou Saïd, El Abdellia à La Marsa et l'esplanade du musée de Carthage. Ce choix risqué semble vouloir privilégier les artistes tunisiens et laisser un peu de place pour les arts scéniques : danse et théâtre... Pour la soirée inaugurale, on aura trois spectacles pour le prix d'un et pour tous les goûts : au théâtre de la ville de Tunis, l'orchestre symphonique de Hafedh Makni, au musée de Carthage, "Le chant de la vie" de Ridha Chemak et, à la Karraka, un spectacle musical intitulé La jeunesse révolutionnaire chante. 75% de la programmation est tunisienne avec plus d'un artiste à l'honneur dont Mohamed Jebali, Faouzi Ben Gamra, Nouredine Béji, Olfa Ben Romdhane, Chahrazed Helal et bien d'autres. 30% des spectacles seront destinés au public jeune avec des soirées de rap, slam et chanson alternative, avec Mohamed Ali Ben Jemâa, Bendir Man, Amel Mathlouthi, Lo'Jo. Le Festival de Carthage dépoussière aussi la chanson engagée des années 80 avec des soirées d'Al Bahth Al Mousiki, Amel Hamrouni et Khémaies, Aouled Al Manajem, Lazhar Dhaoui, Zine Safi, Aouled Bou Makhlouf, Baâziz, Bendir Man... Le théâtre, cette année, aura sa place avec des représentations dans les différents espaces du festival. Quant aux spectacles étrangers, ils sont peu nombreux misant le plus sur la coopération culturelle. Par ailleurs, le public n'aura pas droit cette année aux méga-spectacles rotaniens, puisque le ministère de la Culture a fait le choix de l'incroyable défi du "low budget". Puisque pour le 1/5 du budget de 2010 notre ministère nous a concocté un programme de plus de 80 soirées. Cette programmation éclatée qui se poursuivra jusqu'au mois de Ramadan devra relever le grand défi du public : plaira ou ne plaira pas? Telle est la question. Et l'on se pose déjà la question : tous ces artistes qui, pendant des années, se sont plaint de leur exclusion de la programmation du festival de Carthage pourront-ils drainer du public dans ces petits sous- espaces du festival de Carthage?