GENEVE (AP) — La directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Chan, a réclamé hier une enquête «critique et franche» sur la manière dont l'épidémie de grippe A/H1N1 a été gérée. Une minorité de scientifiques et certains responsables de gouvernement étrangers ont accusé l'OMS d'avoir exagéré les dangers du virus, et d'avoir déclaré une pandémie sous l'influence des laboratoires pharmaceutiques. «Nous souhaitons une enquête franche, critique, transparente, crédible et indépendante de notre performance», a déclaré Margaret Chan, devant des experts réunis pour une réunion de trois jours à Genève sur le sujet. Les conclusions de ce rapport permettront à l'OMS de mieux appréhender les futures épidémies, a-t-elle avancé. Le responsable de la grippe à l'OMS, Keiji Fukuda, a souligné avoir connu «beaucoup de spéculations, beaucoup de critiques». «La réalité, c'est une masse d'incertitudes». Une certaine colère est née dans plusieurs pays ayant dépensé des fonds publics dans des stocks de vaccins non utilisés et bientôt périmés. Jusqu'à présent, la grippe A/H1N1 a fait environ 17.700 morts dans le monde, pour des millions de personnes contaminées. Pour comparaison, la grippe aviaire H5N1 tue plus de la moitié des personnes contractant la maladie. Cette enquête va être menée par 29 scientifiques et responsables de santé publique. Leurs premières conclusions seront présentées aux Etats-membres de l'OMS en mai et le rapport final publié l'année prochaine. La commission est dirigée par le président de l'Institut de médecine à Washington, Harvey Fineberg. Ses membres sont autorisés et devront effectivement faire preuve d'une expertise indépendante, a-t-il expliqué. Les recommandations qui seront faites à l'OMS n'auront pas de valeur contraignante, les Etats-membres ayant le dernier mot sur le fonctionnement de l'agence, a-t-il ajouté. «Mais je m'attends totalement à ce qu'il y ait des suggestions pour apporter des améliorations».