Le public s'est rendu nombreux au concert de Amel Mathlouthi au Théâtre municipal de Tunis, avant-hier. La vedette tunisienne, accompagnée de sa troupe composée des musiciens Zied Zouari, Firas Arbi, Imed Alibi, Mokhles Jridi et Seïf Hilmi (violons, contrebasse et percussions), a interprété au public présent, pendant deux heures, de célèbres chansons puisées dans le répertoire oriental classique, dans le patrimoine tunisien et dans le registre personnel de la chanteuse. Une chanson intitulée «Ahmidou», dédiée au peuple kurde, a ouvert le spectacle, suivie d'une autre, «Ethniya touila» (le chemin est long), qui chante la révolution, la lutte du peuple contre toute forme d'oppression. Aux rythmes saccadés de sa guitare, la chanteuse tunisienne nous a offert ensuite, une de ses chansons, écrite et composée en 2004 et qui célébre l'amour du pays «nôomen bik» (je crois en toi). Les sonorités de son instrument ont donné la juste dimension de cet air. Du répertoire tunisien, Amel Mathlouthi a merveilleusement interprété les fameuses «Om Ezzine» et «Alech t'fakkar fiya» de Cheikh El Efrit, qui ont fort impressionné le public, grâce autant à sa voix puissante et expressive qu'à sa présence scénique. Fort applaudie, la cantatrice a continué à enchanter le public par, notamment, le "mouwachah" éternel «Lamma bada yatathanna». Toujours accompagnée de sa guitare, elle a transporté le public dans un monde spirituel, tout en symbiose avec l'ambiance propre au mois saint. Les textes engagés étaient également au menu de la soirée. Placés sur le thème des révolutions arabes, ils ont rendu hommage au courage du peuple palestinien. C'est ainsi qu'elle nous a interprété des chansons de Marcel Khalifa, «ça oughanni li Jafra.» (je chanterai pour Jafra…) et de Cheikh Imam «Chayed qousourak Al mazaraâ» (construis tes châteaux sur les champs), longuement applaudies par l'assistance. Avant de finir le spectacle avec la célèbre «kilmti horra» (ma parole est libre), Amel Mathlouthi nous a offert une chanson inédite, dédiée à la révolution tunisienne, à ses martyrs et victimes, ainsi qu'à tout le peuple tunisien. Intitulée «El youm ana horr, el youm 14 janvier» (aujourdui, je suis libre, aujourd'hui le 14 janvier...), elle a mis en relief la teneur, la beauté et la puissance de la voix de cette artiste. Une belle soirée qui a confirmé, encore une fois, tout le bien que nous pensons de Amel Mathlouthi.