Hier (lundi 16 août), le grand ténor s'est encore une fois distingué en tant que spécialiste dans l'interprétation du patrimoine. Lotfi Bouchnak a en effet enchanté son public venu par milliers pour savourer les belles performances de leur chanteur favori. Pendant deux heures, il a excellé dans tous les genres des chansons interprétées, allant du «samaï» et des «mouwachahat» au «dawr» en passant par les «mawal» pour finir par un bouquet de ses meilleures chansons tunisiennes. Une véritable soirée ramadanesque bien réussie à tous les égards où «le tarab» était de mise. Bouchnak était accompagné par la prestigieuse troupe musicale, le Club Farabi de Musique Arabe, qui a fait ses preuves dans l'exécution des grands chefs-d'œuvre de la musique classique arabe. Formée de 25 instrumentistes et de plus d'une vingtaine de choristes, elle était dirigée par le maestro Malek Ellouz. Un orchestre digne de la grande vedette arabe où se mêlaient instruments orientaux et occidentaux : 8 violons, 2 violoncelles, 1 contrebasse, 2 quanoun, 2 luths, 1 flûte, 4 instruments de percussion, un piano, deux guitares et une batterie ; tout le nécessaire pour faire de cette soirée une grande réussite musicale. Et quelle entente régnait entre le chanteur et ses musiciens, et aussi avec ses fans qui avaient maintes fois repris en chœur différents morceaux des chansons interprétées ! La troupe avait déjà exécuté une composition instrumentale du genre «samaï», en guise d'introduction, quand Bouchnak monta sur scène en costume noir avec un nœud papillon au cou. Il fut accueilli par un tonnerre d'applaudissements auxquels l'artiste répondait par des révérences répétées, en signe de respect et d'estime pour son public. Il entama son répertoire de la soirée par des «mouwachahats» andalouses et orientales, dont «Ajabi», ce mouachah moderne aux saveurs tunisiennes écrit par Adam Fethi et composé par Bouchnak lui-même. Des «mawals» ont suivi pour enchaîner avec des «Kassid» qui ont été longuement applaudis par le public. «Les chansons des métiers» dont il interpréta quelques extraits furent bien appréciées du public. «Ya khillati» eut également un grand succès pour son thème et sa dimension nationaliste. La chanson «Al Janeyni» dont les paroles égyptiennes furent déclamées solennellement par l'artiste, a également eu un écho favorable auprès du public. C'est alors que l'artiste entra dans le registre purement tunisien et exécuta tour à tour ces chansons les plus populaires qui ont fait vibrer les gradins de l'amphithéâtre romain : de la fameuse chanson «Nassaya» tant attendue du public, à «Ritek ma naâref fin», en passant par «Inti Rouhi inti» et «El Aïn elli ma tchoufikchi». Toutes ces chansons, apprises par cœur, ont été reprises par tout l'amphithéâtre transformé en une véritable chorale. L'artiste a également interprété l'un des chefs-d'œuvre du chanteur tunisien feu Sadok Thraya «Ki dhik bik eddahr ya meziana» en signe de reconnaissance à ce pionnier de la chanson authentique tunisienne.