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Les révélations du lieutenant-colonel Samir Tarhouni à la minute près
Chronologie des événements du 14 janvier 2011
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 08 - 2011

• Les Trabelsi et Ben Ali n'ont opposé aucune résistance lors de leur arrestation
• Ali Seriati n'avait aucune unité à sa disposition pour déloger la BAT de l'aéroport de Tunis-Carthage
• La décision de la prise de l'aéroport Tunis-Carthage est une initiative personnelle
• J'ai répondu à l'appel téléphonique de Ghannouchi: «La politique aux politiciens, la sécurité aux forces de l'ordre»
Comment la brigade antiterrorisme (BAT) commandée par le colonel Samir Tarhouni a conduit l'opération «Prise de l'aéroport de Tunis - Carthage» pour arrêter le clan des Trabelsi et celui des Ben Ali (30 personnes) qui s'apprêtaient à embarquer le 14 janvier 2011 pour Lyon?
Comment les événements se sont déroulés réellement en cette journée historique de la révolution de la dignité et de la liberté, durant la période allant de 14h00 à 19h00 pour être couronnée par la fuite du président déchu vers l'Arabie Saoudite et la proclamation de M. Mohamed Ghannouchi, Premier ministre à l'époque, en tant que président de la République, conformément à l'article 56 de la Constitution (déclarée caduque depuis).
Le lieutenant-colonel Samir Tarhouni, chef, depuis 2007, de la brigade antiterrorisme après avoir occupé plusieurs postes de commandement dans les unités de protection des personnalités nationales et étrangères et d'intervention rapide, a livré, hier, aux journalistes les péripéties, minute par minute, de l'opération qu'il a conduite le 14 janvier, de sa propre initiative, ainsi que de celle des membres de son unité, pour s'emparer de l'aéroport international Tunis-Carthage, empêcher le décollage de l'avion qui devait transporter les Trabelsi et les Ben Ali vers la ville française de Lyon et procéder à leur arrestation, sans aucune résistance comme il l'a souligné, et à leur remise aux forces de l'Armée nationale.
Le lieutenant-colonel a livré sa version des faits, minute par minute, conformément à la chronologie suivante :
Matinée du 14 janvier 2011 : début des attroupements des citoyens venus manifester devant le ministère de l'Intérieur dès les premières heures.
• 14h00 : le nombre des manifestants est évalué entre 30 et 40 mille citoyens devant le ministère de l'Intérieur. A cette heure-là, les membres de la brigade antiterrorisme campaient à la caserne de Bouchoucha.
• 14h05 : une communication téléphonique nous a intimé l'ordre de charger nos armes, en mettant les balles au canon.
• 14h09 : A ce moment, j'ai donné l'ordre de refuser de tirer à balles réelles, et de continuer à utiliser les gaz lacrymogènes.
Trois ou quatre minutes plus tard, soit à 14h09 minutes, une communication téléphonique nous informait que des actes de violence et de jets de pierres se déroulaient dans les environs de l'aéroport international Tunis - Carthage.
Ayant téléphoné à mon collègue Hafedh Ouni, responsable de la sécurité de l'aéroport, j'ai appris que les membres des familles Ben Ali et Trabelsi (30 personnes) étaient réunis à l'aéroport attendant de quitter le pays.
A ce moment-là, j'ai ressenti un sentiment singulier selon lequel «Ben Ali était le président des Trabelsi et non de ces Tunisiens qui risquaient leur vie pour la liberté de la Tunisie alors que les autres cherchaient à fuir en emportant avec eux bijoux et argent.
J'ai donné l'ordre à mon collègue Hafedh Ouni d'essayer d'empêcher l'embarquement des fuyards et j'ai demandé à ma propre épouse qui exerçait dans la tour de contrôle de tout faire pour retarder le décollage de l'avion».
• 14h40 : un groupe de la brigade antiterrorisme (BAT) composée de 12 membres se dirige vers l'aéroport Tunis-Carthage.
• 14h50 : les membres de la BAT investissent l'aéroport et se dirigent vers le salon d'honneur en vue d'arrêter les Trabelsi, informant les autorités sécuritaires de l'aéroport qu'on était en train d'exécuter des instructions venues d'en haut, ce qui a facilité notre tâche et a contribué à la collaboration des responsables de la sécurité à notre initiative.
Sur la piste de décollage, nous avons trouvé un car dont les occupants ont essayé de fuir, en vain puisqu'ils ont été arrêtés.
Sur le parking Tunisavia, nous avons trouvé un avion dans lequel avait pris place Cyrine Ben Ali qui n'a pas été arrêtée dans la mesure où notre objectif était de mettre la main sur les Trabelsi et les proches de Ben Ali. Nous avons fini par les arrêter en bloquant l'accès à l'avion par le biais d'un autocar.
Ils ont été tous amenés, par la suite, au salon d'honneur, y compris, Imed Trabelsi, qui venait d'arriver, et Moncef Trabelsi qui était caché dans un bureau.
Ali Seriati a demandé à parler au commissaire de l'aéroport qui me l'a passé.
A sa question de savoir qui a donné les instructions pour l'arrestation des Trabelsi, je lui ai répondu que j'ai agi de mon propre chef et que je n'avais à recevoir d'instructions ou d'ordre de quiconque pour les libérer.
• 15h35 : J'ai demandé à la télévision de dépêcher une équipe de journalistes et de photographes en vue de filmer l'opération.
J'ai demandé, ensuite, au colonel Zouhaïer Ouafi, responsable des brigades d'intervention rapide, de nous rejoindre.
Il a acquiescé en ramenant avec lui 9 unités d'intervention.
• 16h30 : le colonel Larbi Lakhal (Garde nationale) retire ses troupes des environs du Palais de Carthage et nous rejoint.
• 17h35 : nous avons remarqué que l'avion présidentiel se préparait à décoller.
• 17h45 : l'avion présidentiel décolle. A ce moment, nous avons décidé de remettre les personnes arrêtées à l'Armée nationale et j'ai insisté pour que le général Rachid Ammar en soit informé.
• 19h00 : Je reçois un appel téléphonique de la part de M. Mohamed Ghannouchi qui me demandait si j'allais, avec le groupe que je commandais (BAT, unités d'intervention spéciale et Garde nationale soit 170 élément), prendre le pouvoir.
Je lui a répondu : «La politique c'est l'affaire des politiques, la sécurité c'est l'affaire des agents de l'ordre et des unités spéciales».
A la suite de ma communication téléphonique avec l'ex-Premier ministre, j'ai été arrêté pendant deux jours au cours desquels j'ai été bien traité, et ce, pour avoir pris la décision «sans recevoir d'instructions de personne d'arrêter les Trabelsi et de les livrer à l'Armée nationale.Après vérification de ma déposition, j'ai été libéré et j'ai retrouvé mon poste de travail».
Une décision personnelle
«Autant ma décision de ne pas révéler à la presse le rôle que j'ai assumé avec mes collègues dans l'arrestation des proches de Ben Ali et de son épouse a été personnelle, autant mon choix de parler aujourd'hui a été libre et n'obéit à aucune instruction.
J'ai décidé de tout révéler pour mettre fin aux supputations des uns et des autres et surtout aux versions les plus farfelues qui circulent sur le Net et qui n'ont aucun rapport avec la réalité. Je n'ai reçu aucune instruction de me taire. Je n'ai fait que respecter la confidentialité des investigations en cours et quand j'ai estimé qu'il fallait que je m'exprime, je l'ai fait de mon propre gré et le plus librement du monde», a notamment souligné le lieutenant-colonel Samir Tarhouni en répondant à une question sur les raisons qui ont fait qu'il a gardé le silence pendant plus de six mois.
D'autres interrogations tournent autour des relations forces de sécurité intérieure-Armée nationale, de la résistance des Trabelsi lors de leur arrestation, de la présence de forces étrangères de sécurité qui les protégeraient à l'aéroport même, de la réaction d'Ali Seriati en apprenant que l'aéroport est passé sous contrôle de la brigade antiterrorisme et des instructions relatives au tir à balles réelles sur les manifestants devant le ministère de l'Intérieur, le 14 janvier 2011, avant que le président Ben Ali ne prenne la décision de quitter le pays.
Pour répondre à toutes ces questions, le lieutenant-colonel Samir Tarhouni commence par reconnaître que «le 14 janvier 2011 quand l'armée est descendue, d'une manière brusque dans la rue, 27 ans après sa dernière présence sur le terrain datant de janvier 1984 (émeutes du pain), la coordination était absente et puis les choses sont rentrées dans l'ordre au bout de quelques jours. Mais, il n'y avait ni conflit ni différend avec l'armée. Il s'agit, seulement, d'un manque de communication qui n'a pas duré».
Quant à l'absence d'initiative de la part d'Ali Seriati pour faire avorter l'opération de prise de l'aéroport Tunis-Carthage par la BAT, Samir Tarhouni est on ne peut plus clair et précis : «Seriati n'avait aucune unité spéciale à envoyer à l'aéroport pour nous affronter puisqu'elles ont adhéré toutes à notre mouvement. D'ailleurs, il a tenu une réunion pour essayer de réagir mais il s'est rendu compte qu'il n'avait plus d'unités à sa disposition et sous ses ordres».
Pour ce qui est des Trabelsi et des Ben Ali, ils «n'ont opposé aucune résistance quand les éléments de la BAT les ont arrêtés et il n'y avait aucune force de sécurité étrangère présente à l'aéroport pour les protéger».
En ce qui concerne les instructions de tirer sur les manifestants à balles réelles, il a notamment souligné qu'il n'est pas en mesure de révéler «le nom de celui qui en a donné l'ordre, dans la mesure où nous avons reçu seulement l'ordre de charger nos armes en balles réelles, celui de tirer sur la foule ne nous est jamais parvenu».


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