Quand les langues se délient, et que la créativité explose, portée par le vent de la liberté, le sens de l'initiative de l'artiste citoyen prend tout son sens. C'est bien le cas du programme caravanes documentaires, un projet initié par le collectif composé de Hichem Ben ammar, Kaïes Zayed, Amal Saâdallah, Hichem Ben Farhat et Helmi Hosni, qui fut lancé au mois d'avril dernier. Les caravanes documentaires ont pour objectif de rendre accessible ce genre audiovisuel dans diverses régions de Tunisie où la tradition du débat autour des films n'existe presque plus. Au moment où les gens semblaient hostiles à toute forme artistique et où les conflits et autres débats politiques semblaient prendre le dessus sur toute autre expression, les caravanes documentaires, plus précisément les films documentaires, arrivent à trouver leur place dans l'entreprise citoyenne. Et pour cause, au moment où la production artistique est accusée d'être incapable de porter «la voix du peuple», ce genre cinématographique, réservé pendant longtemps aux initiés et aux cinéphiles, trouve écho auprès des citoyens. Et c'est grâce à cet engouement et à la demande des régions que les caravanes documentaires ont pu relever leur défi et atteindre leurs objectifs, à savoir offrir, au moins une fois par mois, une rencontre-débat et des projections autour de films tunisiens qui parlent de la réalité comme l'a souvent demandé le public. Depuis le mois d'avril, les projections se sont succédé: Douz, Fawar, Tabarka, Kélibia, Tunis, Kébili où on a réussi à lancer un festival Les journées du documentaire. Et voilà qu'on arrive à Tazarka avec une programmation spéciale et un atelier de film d'animation portant le titre «l'enfant citoyen». Conscient de son rôle d'artiste-citoyen, ce collectif n'épargne aucun effort pour promouvoir ce genre cinématographique, à travers la présentation d'exemples diversifiés de films documentaires, des approches critiques de la réalité, ainsi que des comportements citoyens, non seulement en tant que forme artistique, mais aussi comme vecteur de développement par la diffusion notamment des films qui traitent des droits civiques. Avec l'absence de moyens—de sponsors, de salles et d'infrastructure, aussi—, l'organisation de telles actions devient non seulement un vrai défi, mais également une nécessité et une alternative à une action culturelle inexistante. A partir de ce soir, les caravanes seront à Tazarka pour s'y installer durant toute une semaine, afin de stimuler le débat, animer, et bousculer la créativité des enfants. Les films d'animation seront projetés à la maison de la culture de la ville. Voici le programme.