La cimenterie d'Enfidha, actuellement fermée, imposant aux employés un congé forcé, a connu des événements qui se sont succédé dès le mois d'avril 2011. Notons que cette importante entreprise économique et industrielle produit environ 1,8 million de tonnes de ciment par an. Ce qui répond à 25% du besoin national en ciment. Il est à noter aussi que le déséquilibre énorme de la production qu'a connu cette usine a causé l'arrêt des chantiers de... construction de divers édifices socio-économiques, dont les immeubles et les grandes surfaces commerciales. On peut estimer ainsi que 50.000 ouvriers travaillant dans ces chantiers ont été réduits au chômage forcé. Sans oublier les répercussions sur l'activité des usines travaillant en parallèle (emballage, carrelage...), également à l'arrêt. D'ailleurs, le syndicat de base et les employés refusent cet arrêt forcé du travail et veulent que cette entreprise rouvre ses portes définitivement afin de lui éviter la catastrophe. M. Imed Grira, membre du comité exécutif de l'Ugtt de Sousse et responsable des institutions et des offices socio-économiques, indique qu'à partir du mois d'avril 2011, les habitants d'Aïn M'dhaker sise non loin de la cimenterie ont séquestré illégalement le matériel d'exploitation de la carrière (principalement des engins mécaniques), avançant des arguments comme les nuisances de santé dûes aux poussières de la carrière ou aux détériorations de leurs habitations (fissures) dues aux explosifs employés au cours de l'exploitation de la carrière. Cette séquestration a provoqué la fermeture de la cimenterie, étant donné l'absence de matières premières. Pourtant, et à la suite des négociations des responsables de la cimenterie et du groupe représentatif des citoyens d'Aïn M'dhaker, un accord entre les 2 parties a été conclu, consistant en l'octroi d'une indemnité de 200 dinars pour une centaine de personnes. C'est ainsi que l'usine a ouvert ses portes, et ce, jusqu'au mois de juin, où un nouveau groupe de citoyens de Aïn M'dhaker a séquestré, de nouveau et illégalement, le matériel d'exploitation, obligeant la cimenterie de fermer encore une fois fin juin. Nouvelles revendications Ce groupe a formulé de nouvelles revendications, d'ailleurs négociées au niveau de la direction de la cimenterie, des autorités régionales et de l'Ugtt de Sousse. Trois principales revendications ont été émises par ce groupe de citoyens, à savoir le développement de l'infrastructure de base de Aïn M'dhaker (aménagement de routes, éclairage…), la réhabilitation des habitations fissurées et l'octroi d'une indemnité de dédommagement estimée à 5.000 dinars/an et par famille, sachant que Aïn M'dhaker compte à peu près 1.200 familles. Suite à ces négociations, il a été décidé de créer un fonds de développement de l'infrastructure de base de cette localité, financé par deux parties : la cimenterie et les autorités régionales. Ce fonds assurera aussi la réfection des habitations endommagées et la création de nouveaux postes d'emploi pour les chômeurs de Aïn M'dhaker, et ce, en fonction des possibilités d'embauche. Malheureusement, les citoyens ont refusé ces réponses à leurs revendications, voulant surtout bénéficier des indemnités de dédommagement. Ce qui a engendré la fermeture de nouveau de l'usine, et ce, dès le début du mois d'août. En effet, l'administration a imposé aux employés un congé forcé sachant que le deuxième groupe de citoyens de Aïn M'dhaker continue illégalement à séquestrer le matériel d'exploitation. Intervention du syndicat de base Faute d'employés, mis en congé forcé, la cimenterie a opté pour le recrutement d'agents d'une société de gardiennage. Face à cette situation, le syndicat de base de l'usine est intervenu pour exprimer son refus à l'implication d'une entreprise de sous-traitance dans le gardiennage de l'usine qui, selon lui, doit être confié avant tout aux employés de cette entreprise qui demeure jusqu'à ce jour fermée. «Contrairement aux rumeurs qui circulent dans la région, les équipements internes (machines, matériel de production…) n'ont pas été touchés», indique le syndicaliste Imed Grira. Les bonnes volontés souhaitent une intervention énergique des autorités régionales, des instances nationales et surtout de l'Armée pour rétablir l'ordre et assurer le retour à la normale de l'usine.