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Difficultés dans l'approvisionnement en ciment
Publié dans L'expert le 14 - 04 - 2010

● 7 cimenteries qui ont produits près de 8 millions de tonnes en 2009 et qui permettent à la Tunisie d'en dégager 30% destinés à l'exportation
● La Tunisie est l'un des pays de la région méditerranéenne à offrir un prix de 20 à 30% moins cher à la moyenne régionale

On disait «Si le bâtiment va, tout va». Et le bâtiment ne va, que si la matière première existe et à des prix qui permettent une rentabilité pour les promoteurs. Or, ce n'est pas le cas depuis quelques temps, avec une nouvelle «crise du ciment», cet «or gris» qui se fait de plus en plus rare et par conséquent cher. La Tunisie qui est un producteur de ciment et aussi exportateur, se trouve de temps à autres en manque de cette matière et toujours durant la même période. Le problème du manque d'offre du ciment sur les marchés est en train d'être résolu grâce à l'intervention ferme et énergique des pouvoirs publics et surtout grâce à l'interdiction de l'exportation.
Mais une solution radicale doit être trouvée à ce problème qui perturbe chaque année les promoteurs immobiliers et cause parfois l'arrêt des chantiers, ou l'augmentation de leurs coûts. Il fut un temps ou toutes les cimenteries étaient publiques, et on n'avait pas connu de telles pénuries. Ce constat pousse certains à croire que nous sommes en train de payer le prix d'une vague de privatisations des cimenteries entamées depuis une quinzaine d'année.
Ciment… Secteur stratégique
L'Industrie du ciment en Tunisie est bien structurée et obéit à une répartition géographique relativement équilibrée, et qui prend en considération les besoins des régions. C'est aussi une industrie rentable au vu des coûts relativement faibles et une demande, locale ou étrangère très importante. Et c'est cette demande, locale ou étrangère qui conditionne depuis quelques temps les prix sur le marché national. La Tunisie compte aujourd'hui 7 cimenteries dont une spécialisée dans le ciment blanc, et qui produisent quotidiennement plus de 25 mille tonnes de ciment soit près de 8 millions de tonnes par an (7.3 millions de tonnes en 2008). Cette production permet de couvrir les besoins locaux et de dégager un surplus de 30% destiné à l'exportation surtout à destination de l'Algérie et de la Lybie.
Selon les responsables, les crises à répétition qui surviennent de temps en temps dans le secteur du ciment sont causées par une augmentation subite de la demande. En effet, si la production a maintenu son niveau normal durant les deux premiers mois de l'année en cours, soit plus d'1 million de tonnes, la demande a augmenté de 9%. Les conditions climatiques favorables pour le lancement des chantiers, ont contribué à l'augmentation de cette demande. D'autres causes sont derrière cette crise, telle que la non coordination entre les opérateurs pour la maintenance des machines. Les cimenteries entretiennent généralement leurs machines durant cette période de l'année, vu que les fours sont facilement entretenus grâce à de basses températures.
L'exportation vers les pays voisins et qui ont de grands chantiers, contribue aussi aux pénuries sur le marché local. Le prix de revient du ciment en Tunisie est très compétitif, surtout avec des prix de vente très rentable en Algérie et en Lybie. La Tunisie est l'un des pays de la région Méditerranéenne à offrir un produit parmi les moins chers entre 20% et 30% inférieur à la moyenne régionale.
Au cours du mois de février dernier le prix d'un sac de 50 Kg de ciment en Algérie est de 750 Dinar Algérien soit plus de 14 dinars, alors qu'il est vendu 6 dinars en Tunisie. Un facteur qui encourage les opérateurs à privilégier l'exportation plutôt que l'approvisionnement du marché local.
L'autre élément qui intervient dans le déclenchement des pénuries, est la spéculation de certains opérateurs. En effet, dés l'apparition de prémices de hausse de la demande, les grossistes de matériaux de construction adoptent des comportements très spéculateurs avec des refus de vendre, des ventes conditionnées (ciment+fer+briques) ou des hausses inexpliquées des prix. De leurs côtés les conducteurs des travaux, craignant l'arrêt des chantiers, s'approvisionnent par des quantités dépassant leurs besoins actuels, ce qui fait augmenter la demande encore plus.
S'ajoute à tous ces éléments l'augmentation naturelle de la demande du marché local sous l'effet des grands chantiers publics et immobiliers. Selon le Ministère de l'Industrie et de la Technologie, la demande de ciment à moyen et long termes devrait augmenter de 4,5% par an avec un pic allant jusqu'à 7% en 2013-2014, due notamment aux projets d'infrastructures et de construction immobilière en Tunisie. Le lancement du grand chantier de Tunis Sport City, du port financier de Tunis, ou la cité des Roses de l'Ariana vont certainement contribuer à doubler la demande nationale dans les prochaines années. C'est pour cette raison que les investissements dans le secteur des cimenteries en Tunisie ne cessent de croitre et ont atteint plus de 700 millions de dinars durant ces dernières années. Le nombre de demandes de création de cimenteries est en pleine croissance avec 3 nouvelles cimenteries d'ici l'année prochaine. L'une d'entre elles est Carthage Ciment dont le PDG est Lazhar Sta, et qui sera l'une des plus grandes cimenteries d'Afrique du Nord, et dotée d'une capacité de production de 5800 tonnes/jour de clinker. La société Méditerranée-Gafsa, fruit d'un partenariat de la Compagnie des phosphates de Gafsa avec le groupe espagnol Aricam lancera aussi sa cimenterie d'une capacité d'un million de tonne. De son côté la Sotacib va commencer la construction d'une nouvelle cimenterie à Kairouan, d'une capacité annuelle de 1 million de tonnes de ciment blanc, et un investissement de 95,7 Millions d'euros.
L'introduction en bourse de la cimenterie a déjà permis de lever plus de 100 Millions de dinars, qui vont permettre l'augmentation de la production de 900 mille tonnes par an actuellement à 1,650 million de tonnes à l'horizon 2013.
Ce sont là les principales causes de la crise du ciment en Tunisie, et qui malheureusement sont les mêmes tout le temps, mais avec des degrés différents. La pénurie du ciment se répète de temps à autres car aucune solution radicale n'a été trouvée. La gestion des crises est toujours conjoncturelle: assurer l'approvisionnement normal du marché durant le période de pénurie. Selon certains analystes, nous sommes en train de payer le prix de la privatisation du secteur entamée depuis 1998.

La privatisation en cause
Dans le cadre de la libéralisation du marché des cimenteries et la politique de désengagement de l'Etat des activités concurrentielles, la privatisation des entreprises du secteur a débuté en 1998. Depuis cette date cinq cimenteries sur un total de sept ont été déjà privatisées en sus de l'introduction en bourse de la cimenterie de Bizerte: 4 usines de ciment gris et l'unique usine de ciment blanc ont été cédées au profit des groupes privés internationaux :
La société des Ciments Artificiels Tunisiens «CAT» au groupe italien «COLACEM»
La société des Ciments de Jbel Oust «CJO» au groupe portugais «CIMPOR»
La société des Ciments d'Enfida «CE» au groupe espagnol «UNILAND», puis racheté par le groupe CEMENTOS PORTLAND dans le cadre de l'achat global du groupe UNILAND
La société des Ciments de Gabès «SCG» au groupe portugais «SECIL »
La SOTACIB, usine de ciment blanc, au groupe espagnol «PRASA»
Cette privatisation a certainement dynamisé le secteur et augmenté le niveau de l'investissement, mais son contrôle est devenu hors des structures gouvernementales. 3 éléments importants surgissent à ce niveau:
- La maintenance des machines dans les cimenteries est normalement coordonnée entre les différents opérateurs pour assurer un approvisionnement normal du marché. Or il arrive que plusieurs cimenteries, et pour des raisons techniques propre à elles, arrêtent les machines en même temps causant une perturbation de l'approvisionnement,
- Plusieurs cimenteries favorisent l'exportation vers les marchés voisins, plutôt que le marché local, car c'est plus rentable. Un investisseur est toujours guidé par une logique de profit et pas par une logique d'équilibre du marché,
- Les prix ne sont pas toujours stables car les opérateurs exigent toujours une augmentation à cause de la hausse des coûts de production.
Pour essayer d'assurer un approvisionnement normal du marché surtout durant les périodes de grande consommation, le Ministère du Commerce a recours à l'interdiction de l'exportation.
Des réunions de coordination sont aussi constamment organisées comme celle tenue récemment avec les Ministres de l'Industrie et celui du Commerce.
On ne peut pas affirmer que la privatisation des cimenteries était un faux choix stratégique. Au contraire, c'est la politique la plus opportune. Mais ce processus de privatisation aurait du être accompagné par des garde-fous qui assurent un contrôle sur les rouages du secteur.
Les prix du ciment ainsi que l'approvisionnement normal du marché local, sont très importants car ils ont un impact sur les coûts du logement, déjà très élevés. C'est pour cette raison qu'une solution stratégique et radicale doit être trouvée pour les pénuries à répétition.


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