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Libye-Tunisie : un avenir certain en partage
Géopolitique
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 09 - 2011


Par Mustapha STAMBOULI
«Le monde semble sombre quand on a les yeux fermés». Proverbe indien.
Le peuple tunisien a achevé la première étape de sa libération en chassant son dictateur/inculte Ben Ali et sa mafia. Le peuple libyen, grâce à des sacrifices héroïques, liquide le tyran au pouvoir depuis quarante-deux ans. Les derniers événements ont prouvé que les deux pays sont liés, comme un couple, «pour le meilleur et le pour le pire». Cette évidence devra guider notre réflexion en vue d'établir une nouvelle stratégie politico-économique et sécuritaire pour l'avenir proche et, à plus long terme, de nos deux pays. Tout attentisme et absence d'une ligne de coopération systémique signeront une politique suicidaire et laisseront le chemin aux vautours et prédateurs qui ont participé au pillage et à la destruction de la Libye. Ces derniers s'avancent déjà pour la reconstruction de ce pays comme en témoigne la prise de position officielle du gouvernement italien. Cela n'est pas sans nous rappeler la guerre du Golfe et l'invasion de l'Irak où ces mêmes prédateurs profitèrent d'avantages, en échange de leur intervention : rente pétrolière et gazière, contrats juteux avec pour objectif la reconstruction du Koweït et de l'Irak au profit de leurs propres entreprises.
Trois grands défis attendent la Tunisie : la sécurité intérieure et extérieure, le chômage, le développement économique et social équitable. Une trilogie, quadrature du cercle, sans jeu de mots !
La Libye, à notre avis, devra relever quatre défis majeurs : l'installation d'un Etat de droit accompagné d'une administration efficace, la reconstruction de son économie dévastée par la guerre civile et le pillage inouï opéré par le clan Kadhafi, la mise en place d'un système de protection sociale digne d'un pays disposant de moyens financiers énormes et la refonte de son système éducatif adapté aux exigences de la modernité.
Comment garantir la sécurité sur l'ensemble du territoire tunisien, sachant la perméabilité de nos frontières, sans la pacification effective de la Libye ? Comment créer 700 mille emplois durant les cinq prochaines années sans rétablir la libre circulation des personnes entre la Tunisie et la Libye ? Comment réussir un développement intégral de notre pays sans un accord fiable de libre-échange commercial et financier avec notre voisin ?
La Libye aura besoin de l'expérience de la Tunisie pour moderniser son appareil administratif afin d'affronter les défis de son développement. Elle aura aussi besoin de notre tissu d'entreprises pour reconstruire son territoire sinistré à coût raisonnable. La mise en place d'un système de protection sociale exige un apport massif en expertise pour bâtir un tel édifice quasi inexistant et/ou inopérant (institutions, encadrement, infrastructures hospitalières).
Avant la révolution libyenne, le nombre de nos compatriotes travaillant en Libye était évalué à 200 mille personnes et le nombre d'entreprises tunisiennes exportant vers ce pays estimé à plus de 1000. La Libye constitue le premier partenaire régional de la Tunisie avec 3 milliards de dinars d'échanges en 2009. Elle reçoit 7% de nos exportations. En 2009 encore, les investissements tunisiens en Libye représentaient 265 millions de dinars et se répartissaient dans l'industrie agroalimentaire, la pharmacie, les matériaux de construction et les travaux publics.
La Libye bénéficie de grands atouts pour favoriser le développement d'une activité économique soutenue. Elle pourra sortir dès 2012 de sa récession et compter sur une croissance à deux chiffres. Riche de ses ressources considérables en pétrole et en gaz, la Libye est en mesure d'attirer en masse les investissements étrangers pour reconstruire ses infrastructures de base comme les chemins de fer, le réseau autoroutier et le développement d'un secteur touristique de qualité eu égard à son patrimoine culturel exceptionnel et ses milliers de kilomètres de plage inexploités.
Pour mieux appréhender l'avenir, nous devons bien identifier, définir et traiter les défis suivants : stabilité politique et sécuritaire, développement, construction et intégration régionale basée réellement sur les intérêts stratégiques et vitaux et non sur l'appartenance à un bloc géographique. L'Afrique subsaharienne espère beaucoup des changements heureux opérés au sein de l'Afrique méditerranéenne. Une coopération triangulaire Tunisie/Libye/Afrique subsaharienne ferait renaître l'espoir à travers le continent tout entier.
Nous sommes tenus de prendre très rapidement des initiatives en vue de promouvoir la coopération intra-africaine en matière de commerce, d'investissement, de finance, et de partage des expériences de développement afin de définir un nouveau modèle de développement plus adapté aux besoins de nos pays, seul moyen pour sortir de la dépendance et des diktats des pays du Nord et des dragons asiatiques. Cette coopération intra-africaine instaurera un climat de confiance et de compréhension entre nos peuples. Cette initiative sera conforme aux vœux de l'Assemblée générale des Nations unies qui a adopté une résolution en faveur de la coopération sud-sud en décembre 2003 et proclamé le 19 décembre, journée mondiale de cette dernière.
L'urgence nous commande d'agir méthodiquement et d'une manière systématique pour asseoir une réelle dynamique d'intégration de nos deux économies ayant pour toile de fond la coopération intra-africaine. Nos deux pays peuvent créer un tandem de propositions et d'actions pour refondre l'Union Africaine, structure inventée afin d'assouvir les désirs et délires de domination de Kadhafi.
Un acte fondateur et visionnaire s'impose pour un avenir pérenne à destination de nos jeunes générations. Cet acte s'articule, à notre avis, autour de huit axes principaux :
– Etablissement rapide d'un accord de libre circulation des biens et des personnes entre les deux pays, permettant ainsi la formation d'un espace économique sans frontières.
– Création d'une monnaie unique, facilitant les échanges entre les deux pays, évitant ainsi l'utilisation de devises étrangères dans nos transactions.
– Etude d'un schéma directeur d'aménagement de territoire et de développement commun, outil privilégié pour mettre en cohérence nos infrastructures stratégiques, nos politiques sectorielles prenant en compte les capacités de nos atouts territoriaux. Cet outil devra dégager les investissements complémentaires pour une meilleure intégration de nos deux économies et mettre un terme aux doubles emplois – au gaspillage.
– Mise en œuvre d'une stratégie pour unifier progressivement l'enseignement de base assurant ainsi à nos jeunes un cursus éducatif et un socle culturel commun.
– Uniformisation et coordination de nos normes et réglementations dans toutes les activités industrielles et de service pour faciliter l'intégration des deux économies.
– Mise en place d'un centre de recherche commun disposant de moyens technologiques de pointe et suffisants pour utiliser nos compétences techniques et scientifiques et aider nos industries à résister à la concurrence internationale.
– Institution d'un centre d'études stratégiques et prospectives permettant d'esquisser et d'élaborer des réflexions à l'usage de nos décideurs.
– Etablissement d'une agence tuniso-libyenne d'investissement en Afrique. Celle-ci aurait pour mission d'identifier les opportunités d'investissements en relation avec les capitaux et les entreprises de nos deux pays, de favoriser le placement des jeunes diplômés par le biais de microcrédits et la recherche des marchés pour écouler nos divers produits.
Pourquoi ne pas réactiver l'Union tuniso-libyenne, projet emblématique de Bourguiba, pour édifier un avenir partagé sur une base claire et ratifiée par voie référendaire. On pourrait même envisager une confédération dotée d'une Constitution supranationale favorisant la prospérité reciproque, le développement durable, la solidarité, la cohésion interne, la diversité culturelle et qui s'engagerait en faveur d'un ordre international juste et pacifique. Cette confédération consacrera l'autonomie des Etats et disposerait d'un législatif et d'un exécutif «légers» pour assurer une coordination et une prise de décision rapide à propos des questions d'intérêt mutuel (défense, relations étrangères, économies et finances). Il serait dommage et dommageable de ne pas saisir ce moment historique pour unir nos deux peuples enfin libérés de leurs tyrans.
La Tunisie devrait renoncer au concept infructueux de l'Union du Maghreb Arabe, organisme fantoche plombé par le conflit du Sahara occidental opposant en filigrane le Maroc et l'Algérie. Pourquoi persister à ranimer un objet cliniquement mort à coups de gâchis financiers ? Lorsque l'Algérie et le Maroc auront résolu leur différend, la Tunisie et la Libye ensemble, d'une seule voix, participeront, à l'évidence, et pèseront d'autant plus sur le montage d'un nouveau projet maghrébin.
Pour clore cette réflexion, écoutons cette voix venue de loin, vibrante de sagesse et d'actualité, celle de ma grand-mère : «Qui mange seul s'étrangle seul.»
* (Ingénieur Enit/Epfl, expert international en planification de développement)


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