Hier après-midi, Abdelwaheb El Hani, président du Parti Al Majd, n'est pas allé par quatre chemins, à l'occasion de la rencontre-débat tenue à Raoued avec les militants de l'Ariana, pour dire haut et fort que le parti s'oppose farouchement à la dictature de l'argent et milite, depuis sa naissance en mars 2011, pour l'édification d'une légitimité consensuelle. «Une légitimité que tous les Tunisiens et toutes les Tunisiennes, sans distinction ni exclusion ou marginalisation, quelles que soient leur appartenance ou leur sensibilité politique, doivent s'employer à mettre en œuvre en ayant la conscience qu'ils apportent leur contribution à la migration de la Tunisie vers la démocratie effective et réelle», a-t-il souligné. En attendant que la prochaine Constituante rédige la Constitution, le Parti Al Majd propose la mise en œuvre d'une petite Constitution qu'il appelle «la Constitution Al Amen» censée organiser la vie politique et rassurer les citoyens quant à la non-confiscation de leur révolution par ceux dont la seule logique est celle de l'argent. «La Constitution Al Amen» que propose Abdelwaheb El Hani est fondée sur cinq axes : – Une solution pour le pouvoir législatif – L'instauration du principe de la démocratie locale – Le contrôle de la constitutionnalité des lois, à travers une cour constitutionnelle dont les décisions seront exécutoires – L'introduction d'un mécanisme au sein de «la petite Constitution» qui permettra de mettre fin aux éventuelles dérives du président de la République – La répartition équitable des pouvoirs à l'échelle régionale et locale par l'élection de conseils représentatifs. Abdelwaheb El Hani estime que la mise en œuvre de «la petite Constitution» n'est pas en contradiction avec les objectifs de la future Assemblée constituante qui «aura le temps nécessaire afin de rédiger la Constitution». «La Constitution Al Amen peut être mise en place dans un délai de 3 mois», souligne encore le président d'Al Majd, en exprimant, toutefois, sa crainte que «les membres de l'Assemblée constituante qui serait élue le 23 octobre prochain, ne s'arrogent un pouvoir illimité pour se tailler une Constitution à leur mesure». Aussi, le Parti appelle-t-il à l'édification d'un climat de consensus entre les différents partenaires politiques présents actuellement sur la scène politique nationale. «Notre ambition première est que l'opération électorale du 23 octobre 2011 sécrètera une volonté populaire commune et une majorité dans laquelle nous avons confiance, une majorité qui respecte les aspirations et œuvre à la réalisation des attentes de tous, y compris ceux qui n'ont pas voté pour notre parti», précise encore le président d'Al Majd. Dans la foulée, il a relevé sa conviction que «la Tunisie a, plus que jamais, besoin d'une Constitution qui sera adoptée sur la base du consensus le plus large». «Nous considérons, en effet, que l'édification de l'histoire se base essentiellement sur le consensus et que l'histoire, elle-même, demeure la priorité de tous les Tunisiens, d'où la nécessité impérieuse qu'ils se sentent pleinement impliqués dans la réussite de la transition démocratique». L'ambition d'Al Majd, conclut Abdelwaheb El Hani, est que tous et toutes se mobilisent à fond et marchent ensemble, en dépit de leurs différences et de leurs orientations et sensibilités, sur la voie de la démocratie et de la participation.