Le secrétaire général de l'Ugtt (Union générale tunisienne du travail), M. Abdesslam Jrad, a ouvert hier, en compagnie de M. Youssef Al Kariouti, directeur du bureau d'Afrique du Nord au Caire de l'OIT (Organisation internationale du travail), les travaux du séminaire syndical organisé par le département de la formation relevant de la centrale syndicale en collaboration avec l'OIT à Hammamet-Sud les 20, 21 et 22 septembre, dont le thème principal est : «Le rôle des syndicats durant la transition démocratique et sociale». Le programme du séminaire comprend plusieurs ateliers, tournant autour des thèmes suivants : «Les révolutions arabes : causes, objectifs et rôle dans l'instauration de la démocratie», «Les révolutions arabes : opportunités et défis», «La Démocratie politique et la démocratie sociale : les nouvelles perspectives du dialogue social», «Les relations entre les syndicats, les partis politiques et les ONG», «Les objectifs politiques et sociaux de la transformation démocratique : le combat des femmes et des jeunes comme exemple» et une table ronde animée par M. Mohamed Trabelsi, conseiller auprès de l'OIT, ayant pour thème : «Quels horizons pour l'Ugtt dans cette nouvelle donne ?» Lors de son intervention, M. Youssef Al Kariouti a mis en exergue le rôle de l'Union générale tunisienne du travail dans la révolution tunisienne tout en rappelant que son organisation( l'OIT) a soutenu dès le début les révolutions tunisienne et égyptienne. Il a souligné : «Notre organisation s'est engagée moralement pour soutenir et aider l'Ugtt dans ses efforts en cette période de transition. D'ailleurs, l'OIT envisage de former des syndicalistes tunisiens pour jouer le rôle de superviseurs et d'observateurs lors des prochaines élections. D'autre part, notre organisation va renforcer les échanges et les rencontres avec la centrale syndicale tunisienne et les syndicats des pays arabes, surtout au niveau de la région nord-africaine : Libye, Maroc, Algérie, et Egypte. Ainsi notre organisation est pour un partenariat «gagnant-gagnant» avec les différentes centrales syndicales dans le monde arabe afin de garantir une justice sociale, et ce, à travers nos institutions syndicales». En réponse à M. Al Kariouti, M. Abdesslam Jrad a salué l'engagement moral de l'OIT pour une éventuelle collaboration avec l'Ugtt tout en caressant l'espoir pour un engagement plus concret de l'organisation internationale avec la centrale syndicale tunisienne à travers plus d'implication sur le terrain. M. Abdessalem Jrad a rappelé que l'Ugtt a toujours été du côté du peuple tunisien dans son combat contre l'oppression, le despotisme et l'absence de liberté. «La révolution tunisienne exprime l'aspiration du peuple tunisien à une vie digne et à un emploi décent. Elle traduit aussi la volonté générale de mettre fin à la corruption qui a engendré la marginalisation et l'exclusion et aggravé les écarts sociaux. En outre, l'Ugtt a toujours été le miroir de la société tunisienne vu que ses adhérents représentent toutes les classes sociales de la Tunisie», a-t-il ajouté. Toujours selon le secrétaire général de la centrale syndicale, l'Ugtt a toujours milité pour son indépendance et son autonomie. Il renchérit : «L'Ugtt était depuis toujours du côté du peuple dans ses combats. D'ailleurs notre organisation a adopté les revendications de la révolution tunisienne dès son déclenchement à travers un encadrement de ses mouvements populaires. Maintenant, l'Ugtt a mis en place une feuille de route pour défendre et sauvegarder cette révolution et jouer le rôle de garde-fou contre les tentatives visant à confisquer les acquis de cette révolution. Rappelons que l'Ugtt était parmi les premiers qui ont appelé à la dissolution du Parlement, de la Chambre des conseillers, du RCD et de la police politique. Et l'Ugtt soutient cœur et âme les révolutions au Yémen, en Libye et en Syrie. D'ailleurs, plusieurs de nos syndicalistes sont en train de sillonner le monde arabe pour semer la graine du syndicalisme. En Libye, nous avons manifesté notre intention d'aider nos frères dans l'édification de structures syndicales solides. Car, la réussite des révolutions arabes sera tributaire de la réussite de la révolution tunisienne, d'où l'importance de la responsabilité qui incombe au mouvement syndical arabe et international durant cette période de transition démocratique… Enfin, la Tunisie doit être le phare de la démocratie et des libertés dans le monde arabe». L'Ugtt propose un projet de Constitution Concernant le rôle politique de la centrale syndicale en cette période transitoire, M. Abdessalem Jrad a souligné que l'Ugtt va jouer un rôle de superviseur de la vie politique tunisienne vu que son organisation regroupe dans ses rangs presque tous les courants qui animent le paysage politique tunisien. Il ajoute : «Les syndicalistes auront un rôle important dans la vie politique post-14 janvier. D'ailleurs, on est en train d'élaborer un projet de Constitution. Ce projet sera global. Nous voulons rassembler le peuple autour d'un projet qui répond à leurs attentes et à leurs aspirations». Pour ce qui est de l'action syndicale, M. Jrad a affirmé de nouveau l'attachement de l'Ugtt à l'abandon de la sous-traitance et du travail contractuel, surtout en CDD (contrat de travail à durée déterminée) et qui présentent moins d'avantages que le CDI (contrat de travail à durée indéterminée), et aux recrutements conformément aux statuts et aux conventions collectives des entreprises. Toutefois, il a salué le retour aux recrutements par concours et aux périodes de stage dans le service public. Néanmoins, il a mis l'accent sur la question des dettes extérieures résultant des différentes lignes de crédits octroyées à l'ancien régime et qui paralysent l'économie tunisienne.