Le public a fait défaut, mercredi dernier au théâtre El Hamra, lors de la projection des deux films documentaires Le sifflet de Ridha Ben Hlima et Last train home (approximatif : le dernier train du retour) de Lixin Fan. Ces deux documentaires traitent, tout comme le festival, de la thématique de la citoyenneté et du travail. Le sifflet, produit en 2006, est un court métrage de dix minutes, qui parle de la condition ouvrière en Tunisie. Il donne ainsi la parole à des ouvrières, plus précisément des femmes de ménage qui travaillent 8 heures par jour et ne touchent que 90 dinars par mois. Elles ne bénificient ni de couverture sociale ni d'assurance maladie ou autre. Elles ne sont pas payées également pour les heures supplémentaires. Face à cette situation humiliante, des voix féminines se lèvent et protestent contre cette injustice sociale et décident, alors, de créer un syndicat qui préservera et défendra leurs droits. Ce film militant nous dessine parfaitement la situation des femmes tunisiennes ouvrières à l'ère de la mondialisation. Le second film intitulé Le dernier train, produit en 2009, est un long métrage d'une durée d'une heure et vingt minutes. Ce film, dont l'action se déroule dans une province en Chine (Gundoung), nous présente les 130 millions de travailleurs qui, afin de pouvoir rentrer chez eux pour la fête du printemps, s'acharnent pour trouver des billets et des places dans les trains surchargés. Ce rituel se reproduit, chaque année, de la même façon et le film se focalise sur un couple qui a vécu cette expérience. Il suit de près son quotidien qui dure depuis plus de dix-huit ans dans une usine de couture. Leurs enfants, Qin et Yang, vivent loin de leurs parents, chez leur grand-mère. Qin, âgée de 18 ans, décide d'abandonner ses études et de rejoindre ses parents à l'usine pour gagner sa vie. Dès lors, et face à cette décision irréfléchie, un conflit s'installe au sein de la famille et le couple décide de rentrer dans sa ville natale et ramener à la maison la jeune fille, afin qu'elle retourne à l'école. Les parents veulent à tout prix qu'elle continue ses études au lieu de passer toute sa vie dans une usine. Le film nous parle donc de l'exode, de la condition misérable des travailleurs déplacés et de leur souffrance continue, quand ils sont loin de leurs familles et de leurs enfants. Dommage que le débat, programmé normalement après les projections, dans un espace public et portant sur la thématique de la citoyenneté et le travail, a été annulé.