Deux priorités absolues pour la Tunisie d'aujourd'hui : l'emploi et le développement régional, a fait savoir M. Jalloul Ayed, ministre des Finances, vendredi soir à Sfax. A l'initiative de l'Union régionale de l'Industrie, du commerce et de l'artisanat de Sfax et l'institut arabe des chefs d'entreprise, une journée a été organisée pour présenter «le plan jasmin : la Tunisie, Singapour de la Méditerranée». Il s'agit d'un programme quinquennal de développement économique et social. Un programme ambitieux dont la réalisation nécessite un budget de l'ordre de 125 milliards de dinars et permettra la création d'un million de postes d'emploi durant les cinq prochaines années. Mieux encore, le financement de ce programme sera assuré à hauteur de 70 % de l'épargne nationale et de 30% des dettes extérieur. «Ce plan qui a été bien reçu par le sommet du G8 contient des idées nouvelles et prometteuses» souligne le ministre ajoutant qu'il s'agit d'un nouveau modèle de développement social et économique marqué essentiellement par l'approche participative. L'Etat doit désormais jouer pleinement son rôle non en tant que premier investisseur mais en apportant encouragement et encadrement à l'initiative privée. L'émergence, sur des bases solides, d'une nouvelle génération d'entrepreneurs est de nature à encourager l'initiative privée et de contribuer largement à la création de l'emploi. Cela dit, l'économie nationale doit passer du stade de la transformation à celui de la création. En d'autres termes, le renforcement de la valeur ajoutée passe inéluctablement par la promotion du contenu technologique de notre économie nationale. Optimiste, le ministre des Finances a qualifié la phase de transition que vit actuellement notre pays de réussie en dépit de plusieurs problèmes. Toutefois, cette réussite doit être confortée par une consolidation démocratique qui, elle-même, nécessite quatre conditions essentielles, à savoir un gouvernement fort, un Etat de droit, une société civile forte à même de prévenir tout dérapage et des institutions politiques et économiques fortes. L'objectif étant de garantir la prospérité de la population tunisienne en quête d'une meilleure qualité de vie. La concrétisation de cet ultime objectif nécessite des réformes structurelles importantes pour stimuler la création de l'emploi. Il s'agit en premier lieu de renforcer l'octroi de microcrédits pour financer des petits projets générateurs d'emploi. Par ailleurs, insiste le ministre, la réforme du capital risque de s'avérer nécessaire pour qu'il puisse jouer pleinement le rôle qui lui est assigné. Les Sicar doivent rompre définitivement avec la pratique du crédit déguisée et contribuer efficacement à la création d'une vraie industrie de capital risque. Ainsi, «soigner l'acte d'investir en professionnalisant l'investissement» est l'une des premières conditions pour jeter les bases d'une croissance économique et sociale durable et soutenue. Développement régional Auparavant, le président de l'Union régionale de l'industrie, du commerce et de l'artisanat de Sfax, M. Abdellatif Zayani, a exprimé la pleine disposition des hommes d'affaires de la région à soutenir le plan Jasmin et à contribuer efficacement à la dynamisation de l'activité économique de la Tunisie nouvelle. Il a appelé en revanche à une meilleure implication des responsables des régions à l'œuvre de développement régional. Le modèle de développement régional, a-t-il insisté, ne doit pas être imposé par l'administration centrale. Au contraire, c'est la responsabilité de toutes les parties notamment à l'échelle régionale. De son côté, Adel Châari, de l'Iace-Sfax, a remarqué que l'organisation de cette journée juste après la tenue des journées de développement de Sfax témoigne de la nécessité de renforcer et de moderniser l'infrastructure de base de toute la région pour qu'elle puisse contribuer à l'œuvre de développement national. Il a appelé les hommes d'affaires de la région de Sfax à créer davantage de projets pour conforter l'effort national en matière de création d'emplois.