• Le décret de l'année 2000 qui a arrêté le statut de l'INS a estompé les apports de la loi de 1999 La refonte du système statistique public a été à l'ordre du jour du premier événement organisé par l'Association tunisienne des ingénieurs statisticiens (Atis), hier, à Tunis. A cette occasion, les experts ont débattu des motivations de la refonte et des garanties pour ériger un système performant, fiable et surtout crédible. «on doit hisser le droit à l'information au niveau constitutionnel» avance M Mohamed Bessa, responsable de l'organisation du séminaire. En effet, depuis toujours, le système statistique public a été instrumentalisé à des fins de propagande politique par l'ancien régime. A ce sujet, M Mostapha Bouzayene, directeur de l'observatoire économique à l'INS a expliqué que parmi les méthodes privilégiées de censure figurait la simple interdiction de diffusion de certains chiffres. Mieux encore, l'ancien régime a même exigé, parfois, de modifier les aspects méthodologiques et scientifiques pour produire des données, bien maquillées, au service de l'agenda politique du gouvernement. Pourtant le cadre juridique, notamment la loi de 1999 a mis en place des conditions favorables à l'exercice statistique, notamment l'indépendance scientifique, l'impartialité, le droit d'accès à l'information... A ce sujet, M Adnen Lassoued, ingénieur statisticien, a insisté sur l'écart entre les dispositions de cette loi, les pratiques et les output du système statistique. Et de préciser «le décret de l'année 2000 qui a arrêté le statut de l'INS a estompé les apports de la dite loi». En effet, toutes les données statistiques sont mises à la disposition du ministère de tutelle qui se chargera de la sélection des informations à divulguer. «Certes l'aspect législatif est important mais il demeure insuffisant pour garantir le bon fonctionnement du système statistique» a-t-il ajouté. D'ailleurs, l'indépendance scientifique n'est qu'une partie de l'indépendance professionnelle, tant convoitée par les statisticiens, de la conception, à la production en passant par la diffusion des statistiques. «Pour ce faire, on doit aller dans le sens d'un code de bonnes pratiques» recommande M. Adnen. Et d'ajouter «Ce code sera composé par un ensemble de principes en vue de garantir la pertinence et la qualité des données statistiques». Pour assurer la pertinence, il faut produire des données qui répondent au mieux aux besoins des différents utilisateurs, pouvoirs publics, administrations, entreprises, chercheurs et étudiants, autres citoyens, etc. De même, l'application des bonnes méthodes assure la qualité des données divulguées. En plus, ces chiffres seront accompagnés par les documents nécessaires afin d'attester leur production et les éventuelles utilisations. Ainsi, les bonnes explications des chiffres garantissent leur assimilation par les utilisateurs et du coup génèrent des décisions plus opportunes. «Mieux encore, on pourra procéder à la labellisation des données, à l'instar de quelques expériences pionnières» , ajoute-t-il. Enfin, on ne cesse de rappeler que le système statistique public a été longtemps dirigé par un pouvoir autoritaire. Ce qui a dénué ces structures de toute crédibilité. Dans cette phase de transition, les professionnels sont appelés à initier des restructurations douloureuses pour que le système des statistiques publiques retrouve sa place de choix. «Mais, la crédibilité est asymétrique et cumulative» souligne M Adnen. Le chemin est par conséquent encore très long.