Au journal, nous nous étions partagé la tâche. L'ami Skander Haddad pour Radès, Tarek Gharbi pour un angle original de cette rencontre, Mokhtar Hmima pour les photos, votre serviteur pour Tchad-Malawi et Bradaï Karray pour l'architecture de la page. Allez, on ne va pas vous mentir ou vous mener en bateau‑: nous étions tous persuadés que l'entreprise était vouée à l'échec, que le titre de la une sera triste et que les photos seront à l'image d'une élimination annoncée. Tunisie-Togo a été laborieux, très laborieux, mais au premier but de Hichri, nous savions que la victoire ne pouvait nous échapper. Malgré le stress, la pression, et un ballon qui circulait difficilement. Mais à vrai dire, le destin de cette équipe se jouait ailleurs, à N'Djamena où les rumeurs les plus folles circulaient et où la prestation du Tchad était le sujet de toutes les conversations, de toutes les supputations. Et pas uniquement là-bas. Tout le monde retenait son souffle et essayait de décortiquer le moindre geste technique des Tchadiens, la plus insignifiante de leurs réactions. Télé-Tchad, une retransmission digne du Moyen Age avec une seule caméra et l'impossibilité d'analyser la rencontre, sinon essayer de suivre un ballon qui se déplaçait en toute démocratie dans la zone des deux adversaires avec toutefois un jeu plus direct des visiteurs. Et c'est parti pour l'ouverture du score en faveur du Malawi. Mon Dieu, quelle triste fin pour les nôtres qui menaient à Radès mais pataugeaient sur une pelouse de Radès, visitée par un troupeau de vaches‑! Alors les Tchadiens, vous nous laissez tomber ! Un petit effort, cela ne vous coûtera rien, et puis, est-ce bien raisonnable de perdre ainsi face à votre public ! ? A peine entendu, 1-1. Le banc tunisien frétille de joie alors que la seule caméra de N'Djamena nous rend fous. Match ouvert, fou, surréaliste. Tellement surréaliste que le Malawi reprend l'avantage sur un coup de pied arrêté et une tête pas très loin de la fin de la rencontre. Cette fois-ci, c'est bel et bien fini. La honte pour notre football, mais si nos footballeurs avaient entre-temps mis un second but. Comme pour mieux remuer le couteau dans la plaie. Mais Ezechiel continuait à se démener sur l'autre front alors que le Malawi n'avait pris aucune précaution derrière. L'Afrique ne se conquiert pas de cette manière ! Sanction immédiate, tête tchadienne cette fois-ci, égalisation et qualification tunisienne. Le miracle a bel et bien eu lieu. Avec tous ces sorciers qu'il y a dans notre football, chacun dira que c'est son œuvre. La récupération est dans l'air du temps. Merci au ciel, merci au Tchad, merci aux…sorciers !