Suspense hitchcockien hier aux éliminatoires de la CAN groupe «K», et happy-end pour les Aigles de Carthage Ouf, quel soulagement ! La Tunisie sera ainsi présente en phase finale de la Coupe d'Afrique des nations 2012 du 21 janvier au 12 février, au Gabon et en Guinée équatoriale. Elle était passée hier par tous les sentiments possibles et émotions imaginables :de la satisfaction prudente tant que le match de N'djamena n'avait enregistré aucun but marqué. Soit jusqu'à la 35e minute quand les Flames ouvrirent le score, avec un premier froid jeté dans le dos des quelques centaines de spectateurs présents. Puis la libération lorsque le Tchad égalisa à la 63e.Ensuite de nouveau la déprime causée par les nouvelles de l'avance prise une autre fois par le Malawi à dix minutes de la fin.Enfin, l'explosion de joie – une fois pour toutes – avec l'égalisation tchadienne qui coïncidait avec le coup de sifflet final.A la 93e minute. «Cela aurait été une catastrophe pour le football national si on avait été éliminé», relevait hier Sami Trabelsi, très ému.S'il y a pourtant quelqu'un qui a pris sur lui toute la pression et la responsabilité de la suite du parcours africain, c'est bien lui.Il a accepté de prendre le train en marche pour un parcours ressemblant plutôt à une course d'obstacles puisque la Tunisie était mal barrée et accusait en ce moment-là un retard qui hâta d'ailleurs le départ du Français Bertrand Marchand. Certes, le team de Trabelsi a été incapable de forcer le destin, le 3 septembre dernier à Blantyre en se faisant accrocher (0-0) par le Malawi alors qu'il lui aurait fallu l'emporter pour prendre son destin en main. Mais ce même destin allait rendre justice à son courage, à sa témérité et à son obstination.La somme d'erreurs commises par son prédécesseur a été gommée par le travail du vainqueur du CHAN 2011 et par... un zeste de baraka.Car ce visa pour la CAN avait fait son choix, avait élu sa dulcinée.Le cadeau tombé du ciel sauve en tout cas le football de l'après-révolution de la déprime.Et cela est très important dans l'oeuvre de restructuration qui se dessine car la qualification aide énormément à travailler dans la sérénité.Au lieu de perdre du temps et de l'énergie dans une chasse aux sorcières, dans la critique, dans l'échange d'accusations. A deux semaines du premier scrutin de l'histoire de la Tunisie post-14 Janvier, cette bonne nouvelle jette du baume au coeur des Tunisiens.Déstresse l'atmosphère. Donne de la joie aux citoyens et aux Tunisiens vivant à l'étranger.Et apporte de réelles raisons d'espérer malgré les vicissitudes de la crise fédérale et un match très moyen sorti hier par les Aigles de Carthage.Mais on ne va pas faire la fine bouche.... On n'oubliera pas au passage de dire merci au Sao tchadien.Sans aller jusqu'à ériger une statue à Ezechiel N'douassel et à ses copains, l'équipe de Tunisie n'oubliera pas l'hiver prochain, quand elle fera ses valises pour le Gabon et la Guinée équatoriale d'où elle vient.Et ce souvenir-là risque de la rendre féroce à l'appétit, redoutable et implacable.