Dans ce contexte de post-révolution, chacun, selon ses valeurs et ses croyances, fait de son mieux pour donner un sens au 14 janvier. Le pays ressuscite après une longue léthargie, imaginez le travail qu'il faut consentir pour qu'il renaisse à la vie. Il reste du chemin à parcourir, y compris dans nos têtes. Mais il y a des priorités, et la liste est longue. A notre avis, la priorité des priorités, c'est la femme, l'alibi de tous, notamment des dictateurs, des mégalos et des esprits intégristes. Certains ont fait d'elle une femme libre «sous haute surveillance», d'autres une championne de la course d'obstacles, lui ôtant par tous les moyens «le permis de construire», et d'autres encore veulent lui voiler la face, prétextant «la libre soumission». Il est grand temps de recadrer les choses et de le dire plein la bouche : cessez de nous utiliser, de nous glorifier et de nous redéfinir sans cesse‑! Etre épouse est un choix. Etre mère n'est pas un statut, c'est un cadeau de la vie. Etre femme, voilà l'essentiel. A égalité de destin avec les hommes! Le féminisme, même s'il s'est abîmé dans les sentiers escarpés et ennuyeux de sa théorie, se caricaturant lui-même dans des positions anti-masculines, reprend, aujourd'hui, l'initiative. Dans son livre Pour en finir avec la femme, Valérie Toranian le dit si bien‑: penser féministe, c'est penser politique. C'est investir les lieux du pouvoir et non pas les lieux des femmes. C'est être vigilante sur nos droits qui sont non négociables, ici ou ailleurs. Mais c'est aussi comprendre l'importance du moment que nous sommes en train de vivre et le rôle que nous pouvons y jouer. Notre responsabilité est immense et c'est maintenant que tout se passe. Hors des constructions imaginaires et des pièges de l'essence féminine. Hors de ce cadre doré de la femme formidable et de la mère héroïque. Hors de nos prisons mentales qui, parfois, nous rassurent, et nous empêchent de nous poser la redoutable question de liberté. Il est temps, écrit-elle, d'enterrer les mythes et de nous replonger dans l'épopée. Celles des conquêtes et du partage. Aux côtés des hommes. Ni meilleures, ni pires. Pour le meilleur.