La XVIIIe édition de l'Octobre musical de Carthage, inaugurée lundi dernier, se poursuit jusqu'au 29 octobre, toujours abritée par la monumentale et somptueuse Cathédrale Saint-Louis (Acropolium de Carthage). Un public, toujours fidèle, s'est déplacé en grand nombre avant-hier, pour assister au deuxième concert offert par ces journées, assuré par «Le poème harmonique», une formation française de musique baroque dirigée par le luthiste, guitariste et chef d'orchestre Vincent Dumestre. Formé en 1998, cet ensemble musical concentre son travail sur les musiques vocales et instrumentales du XVIIe et du début du XVIIIe siècles, s'enrichissant régulièrement des apports d'autres disciplines artistiques. C'est cette synthèse des arts, assortie à un véritable travail de troupe, qui signe la singularité du «Poème harmonique» dans le paysage baroque aujourd'hui. A l'occasion de l'Octobre musical, Emmanuelle de Negri, soprano qui a excellé tant par son interprétation vocale que par sa présence scénique, la virtuose japonaise Kaori Uemura au viole de gambe (un instrument de musique à cordes et à frettes, joué à l'aide d'un archet), l'étourdissant Joël Grare à la percussion (castagnettes) et l'excellent Vincent Dumestre à la guitare baroque et théorbe (sorte de grand luth créé au XVIe siècle) étaient présents à l'Acropolium, pour nous proposer le programme de musique de cour vocal et instrumental "Esperar, Sentir, Morir" (Espérer, sentir, mourir). Un répertoire qui témoigne, à travers les œuvres de Luigi Rossi ou Claudio Monteverel, de l'influence des traditions populaires de l'Espagne et de l'Italie du XVIIe siècle sur les musiques que l'on pouvait entendre dans les salons de la noblesse de l'époque. Plus que de simples interprétations, nous avons eu droit à un vrai travail de recherche qui alimente l'approche de ces musiciens d'exception qui ont choisi de sublimer le répertoire baroque. La liberté contagieuse de la musique populaire a, pour le moins, enrichi ce répertoire, nous permettant de déceler, dans quelques morceaux joués, de subtiles nuances flamenco, notamment lors d'un dialogue musical entre la guitare baroque, domptée à merveille par Dumestre, et le jeu de percussion rythmé et des castagnettes de Grare. Hélas, c'est sur notre faim que nous avons quitté la salle à la fin du concert, car le programme a été de courte durée et l'on aurait voulu en profiter encore plus…