La Presse — Composé de huit associations et de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme, l'observatoire national des élections du 23 octobre 2011a, à son tour, hier, présenté son rapport préliminaire sur l'observation des élections de l'Assemblée nationale constituante. Ce rapport est le résultat de l'étude d'un premier lot de 1300 rapports – sur un total de huit mille rapports — remis par les 8300 observateurs nationaux, relevant de l'observatoire, accrédités par l'Isie et répartis sur l'ensemble des circonscriptions. Le rapport final devrait voir le jour dans environ trois mois, délai jugé nécessaire par les membres de l'observatoire qui estiment disposer d'une mine d'informations . Car pour l'observation de ces élections, l'observatoire a, également, mis à la disposition du grand public un call-center avec trois numéros d'appel. Ce dernier a recueilli, le jour des élections, 2 mille appels sans compter les SMS. Dans l'ensemble, les infractions signalées sont les mêmes que celles relevées par les autres observateurs nationaux, qui ont atteint au total le nombre de 18 mille bénévoles. Atide, Chahed, Mourakiboune ont, eux aussi, dévoilé leurs premiers résultats, admettant l'existence d'un nombre important d'irrégularités constatées dans toutes les étapes du processus électoral, de la pré-campagne au dépouillement, en passant par la campagne électorale et les élections. L'énumération des infractions faite par Ali Zedini, coordinateur de l'observatoire, renforcée par des graphiques et des «camemberts», pour une meilleure lisibilité des résultats, dénote un travail scientifique minutieux et sérieux, et reflète une détermination à atteindre un objectif difficile et pas du tout évident: «Nous voulons soutenir les élections pour qu'elles soient libres, transparentes et démocratiques». Est-ce qu'elles l'ont été? «Oui, dans l'ensemble», affirme M. Abdessatar Ben Moussa, président de la ligue. Ont-elles été intègres? Face à une longue liste de dépassements, parfois très graves, «commis par pratiquement tous les partis et même des indépendants», soutient le coordinateur, la réponse est, alors, moins directe, et tombe sous le joug de «la relativité». Recommandations à l'Isie et à l'Hiror Pour les représentants de l'observatoire, les lacunes concernent également l'Isie, qui n'a pas prévu certaines situations problématiques, lesquelles ont entaché le processus électoral parce que l'Instance ne pouvait pas les régler ou les éviter; elles concernent aussi la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution qui, selon le président de la Ltdh, «a préparé la loi électorale dans la précipitation, laissant des vides juridiques à l'origine d'un grand nombre d'infractions observées au cours de ce processus électoral». Que faire ? L'observatoire n'a pas autorité de décision ni le droit de se porter partie civile, mais il compte «dévoiler au grand jour les informations dont il dispose et les mettre à la disposition des listes plaignantes et du Tribunal administratif». «Nous estimons que notre travail peut servir à éclaircir certaines affaires et à aider les juges du Tribunal administratif qui vont examiner les dossiers des recours déposés par les listes candidates», indique M. Zedini, soulignant au passage : «Nous aurions préféré que l'Isie prenne la décision d'annuler toutes les listes qui ont enfreint la loi et pas seulement les listes d'El Aridha. A ce stade de l'évaluation des élections, aussi graves soient-elles, aussi nombreuses soient-elles, les infractions ne vont pas mener à l'annulation du scrutin», estiment les observateurs. «Ce n'est pas notre objectif», insiste M. Abdessatar Ben Moussa. Mais, l'opinion doit être informée et les acteurs politiques doivent savoir que, désormais, tout sera vu et su de tous. Le principal objectif de ces observateurs est de donner aux citoyens un moyen — les résultats des observations — de prendre conscience des tenants et aboutissants d'un processus électoral et surtout de pouvoir lire dans les intentions, cachées, des vendeurs de rêves. Le staff de l'observatoire national des élections du 23 octobre 2011, fort de ces nombreuses observations, a, par ailleurs l'intention de faire ses recommandations à l'Isie et à l'Hiror, pour rectifier le tir là où c'est nécessaire et se préparer d'ores et déjà aux prochaines élections qui devront être libres, démocratiques...et intègres.