Le duo autrichien Nota Bene, composé d'Eva Steinschaden, au violon, et d'Alexander Vavtar, au piano, a meublé la soirée de clôture de l'Octobre musical de Carthage. Samedi dernier a donc été le dernier rendez-vous pour les amateurs de musique classique et pour les fidèles du festival, en attendant la prochaine édition. Au programme de cette soirée, du Mozart, du Liszt et du Brahms, intercalés par une composition du contemporain Helmut Schmidinger. Né en 1969 à Wels, ce dernier a reçu une formation classique avant de se tourner vers des tendances plus modernes. Il a même étudié la composition de musique électronique. Les deux instrumentistes de Nota Bene ont ainsi fait le choix d'allier le classique au contemporain, étant spécialisés dans l'«ancien» style viennois, en étant concentrés également sur la musique moderne, surtout contemporaine. Pour en revenir au récital, disons que notre duo ne pouvait passer outre l'œuvre de Liszt, dont le deux centième anniversaire coïncide avec l'année 2011. Le morceau choisi par Steinschaden et Vavtar pour rendre hommage à ce compositeur, est une romance peu visitée, pour violon et piano, intitulée Andante malinconico. Devant un public nombreux, les deux musiciens, diplômés de l'université Mozarteum de Salzbourg, ont exécuté leur programme avec justesse. Etaient également au menu des sonates pour piano et violon : Variazione (I- VI) de Mozart, Allegro amabile, Andante tranquillo et Allegretto grazioso de Brahms. Au bout de 400 concerts dans plus de 35 pays, ces deux pédagogues instrumentaux ont désormais leur mot à dire. Mais les mots ont préféré s'éclipser devant les notes musicales, soigneusement placées par leurs compositeurs, comme s'ils savaient que leur musique allait traverser les siècles, survivre et être honorée ainsi jusqu'à nos jours et sous nos cieux. Plus encore, les classiques, avec leur talent et leur génie, n'ont point facilité la tâche aux contemporains. Ce qui explique peut-être l'aversion du public aux Sept proportions pour violon et piano de Schmidinger, contre plus d'engouement pour le reste du programme. On peut ainsi comprendre que les Nota Bene ne soient pas allés plus loin dans le risque et qu'ils aient préféré incorporer une petite dose de contemporain dans ce qu'ils ont proposé samedi soir, comme s'ils tâtaient le terrain. Ils semblent, en tout cas, s'ériger en défenseurs de la musique moderne. A voir les commentaires du public pendant l'entracte, les compositeurs contemporains en ont bien besoin. Grâce à des musiciens comme les Nota Bene, qui ont opéré avant-hier, dans la sobriété et la délicatesse, ils pourront peut-être réussir à s'imposer devant leurs aînés.