Dans le cadre du festival «Esmaâni», l'animatrice radio, comédienne et chanteuse tunisienne Emira Rezgui, alias Mira, s'est produite jeudi dernier, au palais El Abdellia, en présence d'un public amateur de fado (un genre musical portugais mélancolique, qui traite de la vie, la mort, l'amour...), venu à la découverte du talent de cette artiste montante. Accompagnée à la guitare de Youssef Lakhoua, la cantatrice nous a interprété pendant plus d'une heure des airs célèbres de chansons puisées dans le répertoire traditionnel espagnol, portugais, égyptien et tunisien, célébrant le «spleen» dans toutes ses manifestations, tristesse, chagrin, amour inaccompli... Plus d'une vingtaine de chansons variées nous ont été offertes par la chanteuse, dont notamment «Mniha de Carnaval», un air brésilien, qui a ouvert le spectacle. Sur une rythmique lente et régulière de la guitare, relevée par la voix grave et forte de Mira, le public a ensuite suivi avec bonheur «La ultima noche» (la dernière nuit), interprétée avec beaucoup de justesse, à laquelle a succédé un autre chant d'amour espagnol «Amor de mis amor» (amour de mes amours), merveilleusement exécuté par le duo. La cantatrice a chaviré le cœur du public avec une très belle reprise de la chanson de Dalida «L'histoire d'un amour» en langue espagnole, mettant ainsi l'assistance dans une ambiance aussi romantique que passionnée. La deuxième partie de la soirée a été consacrée aux chants classiques orientaux. Le timbre chaleureux de la chanteuse s'accordait parfaitement avec les couleurs de la guitare dans la célèbre chanson égyptienne du chanteur compositeur Férid Latrach «Ya zahratan fi khayali». A la fin de la soirée, les spectateurs ont été comblés par l'interprétation à la fois dynamique et délicate de Mira qui nous a offert un cocktail de quelques chansons tunisiennes traditionnelles, «Mahla layali Ichbilia, «Ya litni ma habbit» et «El bordgana» (l'orange). La chanson inédite intitulée «Ya Tounis» a clos le spectacle. Interprétée pour la première fois en public, et bien qu'elle ait été dédiée à la capitale, elle célèbre l'amour de tout le pays et met en relief la beauté de ses régions, de ses quartiers. Un voyage, somme toute, agréable qui a révélé les potentialités d'une jeune artiste multidisciplinaire, ouverte sur plusieurs cultures et dont la marge d'évolution reste grande.