Les 14 et 15 novembre, s'est tenue, à l'hôtel Africa, la première conférence régionale du programme EuroMed Audiovisual III, avec des panels de recherche réunissant des invités et des intervenants des rives nord et sud de la Méditerranée, venus s'entretenir sur la situation du cinéma et de l'audiovisuel dans la région et étudier les possibilités d'échanges et de partenariat. Une conférence de presse a eu lieu le 15 pour présenter cet événement. Eviter le financement direct Lancé par l'Union européenne, ce programme en est à sa troisième phase, principalement consacrée à former des réalisateurs et des producteurs, toujours dans un esprit d'échanges, ainsi qu'au renforcement des capacités du secteur cinéma des pays respectifs, le tout pour un budget de 11 millions d'euros. En présence d'Adrianus Koetsenruijter, chef de délégation de l'Union européenne en Tunisie, et de Chrystelle Lucas, programme manager d'EuroMed Audiovisuel, d'amples informations ont été fournies sur la forme et sur les objectifs d'EuroMed Audiovisual III. Ce dernier a été créé pour être, avant tout, une plateforme de discussions, de formation et d'échanges. Ses actions vont donc dans ce sens. «Le budget n'est pas très grand, par rapport au nombre des pays participants», a expliqué M. Adrianus Koetsenruijter qui ajoute : «Nous avons donc décidé de former des jeunes qui voleront de leurs propres ailes, au lieu de financer directement leurs projets». Six programmes ont vu le jour dans différents pays de la Méditerranée, dans une logique de plaque tournante, à savoir qu'une fois l'appel à participation lancé et les projets sélectionnés, les sessions de formation et de rencontres entre les jeunes seront organisées, chaque fois dans un pays différent. Pour donner des exemples, Jad Abi Khalil, du projet Doc Med, installé au Liban, est en charge uniquement de former des producteurs de films documentaires, dont la prochaine session aura lieu en mars 2012. Quant à Rim Badr, de la commission royale des films en Jordanie, elle prévoit une première session de formation en décembre en Tunisie. Celle-ci est consacrée aux réalisateurs d'un côté, aux producteurs de l'autre, qui se rencontreront dans un second lieu pour une grande conférence, d'où le nom du projet : Med film factory (la fabrique des films méditerranéens). Quatre autres programmes sont lancés dans le cadre d'EuroMed Audiovisual III : Access, pour l'accès aux marchés de financement et de distribution, Green House, pour les films documentaires, Terramed plus consacré à l'audiovisuel avec un partenariat entre chaînes TV de pays méditerranéens et Dia sud med, destiné à former les étudiants de trois écoles de cinéma, dont l'ISAMM en Tunisie, aux cross-médias (produits audiovisuels multi-plateformes). Raconter son pays La plus grande part du budget d'EuroMed Audiovisual III est consacrée au pôle «renforcement des capacités», chapeauté par Renate Roginas, installée à Tunis. Ce projet ambitieux vise, d'abord, à dresser un état des lieux du secteur cinéma et audiovisuel dans chaque pays, avant de proposer des solutions pour améliorer leur situation, dans le cadre de partenariats stratégiques avec les administrations et les décideurs, tout en essayant de rapprocher les besoins des pays méditerranéens, afin d'œuvrer au niveau local, puis régional. Les thèmes de cette première conférence régionale sont d'ailleurs susceptibles de bâtir un terrain commun à cet effet : «comment ramener le public aux salles de cinéma», «distribution, numérisation et 3D», ou encore «une nouvelle vague pour le cinéma arabe». EuroMed Audiovisual III, tel qu'il a été présenté, ouvre sans doute des portes aux jeunes réalisateurs et producteurs, autant pour une meilleure maîtrise du métier, que pour un échange avec leurs confrères du nord et du sud de la Méditerranée, surtout que le ton est celui du partenariat et de l'échange. Les responsables d'EuroMed Audiovisual III ont, lors de la conférence, expliqué qu'ils n'ont pas droit de regard sur les projets et qu'ils cherchent des histoires qui racontent chaque pays, surtout dans le nouveau contexte du printemps arabe, même s'il est encore tôt pour l'évaluation. Espérons donc que grâce à ce projet et à d'autres similaires, ainsi qu'à la persévérance des artistes et des décideurs locaux, le secteur du cinéma renaîtra enfin de ses cendres.