Le 1er juin, le projet Euromed Audiovisuel III aura son bureau à Tunis, afin d'entamer trois années d'activité dans notre pays, dans le domaine du cinéma et de l'audiovisuel, au même titre que les pays sud-méditerranéens. Financé par l'Union européenne, ce programme prévoit 11 millions d'euros à investir entre 2011 et 2013 dans le développement culturel de la région. Euromed Audiovisuel III fait suite à deux autres programmes, exécutés entre 2000 et 2005, puis entre 2006 et 2009. Enseignante universitaire, productrice et directrice du projet, Mme Renate Roginas nous a expliqué les spécificités d'Euromed Audiovisuel III et son plan d'action. Les deux précédents volets du programme se sont focalisés sur le renforcement du dialogue interculturel et sur la promotion des échanges dans la région euro-méditerranéenne, aidant les professionnels à développer, distribuer et promouvoir leurs œuvres à l'échelle internationale. Le troisième volet est, lui, axé sur l'accompagnement de ces œuvres dans leur réalisation, de l'amont à l'aval. “Il y a quand même une continuité dans l'action”, précise Mme Roginas. Et d'ajouter: “Nous comptons agir au niveau législatif, sur les lois et les modalités de fonctionnement, en prenant contact avec les administrations et services de tutelle. A titre d'exemple, nous encouragerons vivement le projet d'un centre national de la cinématographie en Tunisie”. Plus concrètement, l'équipe d'Euromed Audiovisuel III sera constituée d'experts, dont des juristes qui vont, entre autres, proposer un mapping de toutes les lois audiovisuelles et les rassembler dans une base de données. Le deuxième axe du projet permettra d'aider les artistes à examiner les sources possibles de financement, surtout les sources non habituelles et non officielles qui favorisent un partenariat d'égal à égal. Cette approche va dans le sens de créer des réseaux et des plateformes d'échange, non seulement Nord-Sud, mais aussi Sud-Sud. Maintenant que la situation a changé en Tunisie, “il ne faut pas rater cette occasion où le monde vous regarde”, affirme Mme Roginas. Elle voit dans le dialogue difficile entre les générations dans le domaine culturel, un mal à contourner par la voix des sages et de la médiation culturelle. “Il faut éviter de rompre le dialogue”, continue-t-elle de dire avant d'ajouter que les jeunes sont les plus nécessiteux d'accompagnement et d'épaulement. Même si le programme Euromed Audiovisuel III a été conçu avant le 14 janvier, il mise sur la flexibilité et sur une approche participative, qui part des besoins spécifiques du secteur du cinéma et de l'audiovisuel pour essayer d'y répondre, sans imposer un modèle au préalable. Le cinéma sera un domaine privilégié pour le projet qui prévoit, outre le fait d'accompagner l'artiste et l'œuvre, depuis l'idée jusqu'à la réalisation, de créer une dynamique en favorisant l'apparition d'associations et de centres culturels. Des projections de films, suivies de débats sont également au programme qui va, de surcroît, miser sur les rencontres de réflexion avec les différents opérateurs du cinéma. La Tunisie ne sera pas isolée du contexte régional pour lequel Euromed Audiovisuel III a été mis en place. “La Tunisie est un pays qui a démarré un grand mouvement, c'est un cas d'étude”, finit par soutenir Mme Roginas. Une conférence d'ouverture aura lieu au mois d'octobre pour présenter Euromed Audiovisuel III au grand public. D'ici là, le projet ne finira sans doute pas de faire parler de lui.
