Cela fait maintenant plusieurs mois que la même scène se répète à l'université de La Manouba. Hier, en fin de matinée, se déroulaient deux manifestations étudiantes aux revendications communes. L'une devant l'Institut supérieur des sciences de l'information (Ipsi) et l'autre à l'entrée de l'Institut supérieur de documentation (ISD), la faculté voisine. A l'origine de ces mouvements désorganisés, une erreur administrative significative des lacunes de l'Université tunisienne. C'est en effet une simple faute de frappe du rectorat sur l'attestation de diplômés en licence informatique et communication (diplôme correspondant à l'ISD) qui a engendré la colère des étudiants. La mention indiquait licence en information et communication, diplôme que l'on obtient à l'Ipsi. Ainsi des étudiants aux formations sensiblement différentes se retrouvent avec un diplôme équivalent. Hana Trabelsi, étudiante en 3e année à l'Ipsi, précise : «Le directeur de l'ISD a signé ces attestations, cela veut dire qu'il n'a même pas vérifié les informations !». Cela explique le ras-le bol qui prévaut chez la majorité des étudiants à l'heure où l'on s'interroge sur l'avenir de l'enseignement supérieur. Ce sit-in avait donc pour principal objectif «l'annulation de la procédure», indique Hana. Mais le malaise est plus profond. C'est pourquoi Dhia Eddine Krifi, représentant de l'Union générale des étudiants tunisiens (Uget), s'attelle presque quotidiennement à motiver les étudiants à lutter pour un changement de régime. Dans les couloirs de l'université, on entend souvent l'expression «problème de LMD», pourtant ce n'est pas tant le régime qui est remis en cause que son «application», argue Hana. Elle enchaîne en expliquant : «Il y a un manque énorme de moyens pour permettre une formation digne de ce nom». Makki, étudiant à l'Ipsi également, renchérit : «Il y a un vrai problème de répartition des matières par rapport à la période d'études». Vient se poser enfin le problème de la «pratique» qui tarde à se greffer à la «théorie». Ainsi, rares sont les étudiants pouvant se targuer d'avoir une réelle expérience professionnelle. Les apprentis journalistes comme Nehed (Shems FM), Makki (Al Mawqef), ou encore Hana et Rim, toutes deux stagiaires à Al Oula, font partie de ces exceptions. Ce qui ne les empêche pas de dénoncer les failles de la formation de leur université. La dernière en date est symbolique des maux que celle-ci traverse actuellement. La prochaine équipe gouvernementale entendra-t-elle les revendications étudiantes ? L'avenir nous le dira.