...selon un sondage réalisé à la sortie des bureaux de vote et cité par la télévision publique Rossia 1 à la clôture du scrutin MOSCOU (Agences) — Le parti Russie unie du Premier ministre Vladimir Poutine a remporté les élections législatives hier avec 48,5 % des suffrages, selon un sondage réalisé à la sortie des bureaux de vote et cité par la télévision publique Rossia 1 à la clôture du scrutin. «Je vous félicite pour cette victoire», a déclaré à la télévision Boris Gryzlov, président de la Douma (la chambre basse du Parlement russe) sortante, soulignant que «Russie unie aura la majorité à la Douma». Selon ce sondage, Russie unie devrait toutefois perdre la majorité absolue dont elle disposait jusqu'alors, obtenant 220 sièges de députés contre 315 dans la Douma sortante. En pourcentage de voix, Russie Unie remporte 48,5 % des suffrages exprimés contre 64,3 % aux législatives de 2007. Le Parti communiste, force de l'opposition, reste le deuxième parti à la Douma, avec 19,8 % des suffrages exprimés. Le parti communiste a dénoncé des «infractions massives» lors du scrutin. Le parti de centre-gauche, Russie juste, obtient quant à lui 12,8 %, et le parti libéral-démocrate, de tendance nationaliste, 11,42 %, selon ces chiffres fournis par l'institut de sondage Vtsiom. Quelque 110 millions d'électeurs étaient appelés à voter dimanche pour désigner les 450 députés de la Douma lors d'un scrutin-test pour le Premier ministre russe qui s'apprête à revenir en 2012 au Kremlin, après deux mandats de président (2000-2008), sur fond de baisse de popularité. La victoire de son parti était toutefois attendue, dans un paysage politique verrouillé, à l'issue d'une campagne marquée par des irrégularités et des pressions sans précédent. Outre Russie unie, seules trois autres formations de l'Assemblée sortante — le Parti communiste, le Parti libéral-démocrate et Russie juste (centre gauche) — ont franchi le seuil minimum de 7 % pour être à nouveau à la Douma. Le parti d'opposition Iabloko, crédité de 4 % des suffrages, avait peu de chances d'y d'entrer. Quant au parti d'opposition libérale Parnass, il a été écarté du scrutin et a appelé, comme l'opposition radicale, à le boycotter ou à voter nul en maculant son bulletin en signe de protestation. A Vladivostok, l'adjudant Nikolaï Ponomarev a indiqué avoir voté pour Russie unie : «Dès le printemps, ma famille va recevoir un appartement dans un nouveau district», a-t-il dit, soulignant que le parti de Poutine défendait les intérêts de l'armée et qu'il attendait une hausse de salaire en janvier. Selon le dernier sondage de l'institut indépendant Levada, le parti de Vladimir Poutine, dont la liste est conduite par le président Dmitri Medvedev, était créditée de 56 % des intentions de vote en novembre, après avoir perdu 12 points en un mois. Face à cette situation, les autorités ont cherché à mobiliser les électeurs par tous les moyens en exerçant des pressions sans précédent sur les administrations et les salariés, selon l'opposition et plusieurs ONG russes. Au moins cinq sites internet indépendants russes étaient inaccessibles hier matin : celui de la radio Echo de Moscou, qui a dénoncé une cyber-attaque, ainsi que les sites du quotidien Kommersant, de l'hebdomadaire New Times, de l'ONG Golos ainsi que son site interactif La carte des fraudes. «L'attaque sur le site le jour des élections est clairement une tentative de gêner la publication d'informations sur les fraudes», a estimé Alexeï Venediktov, rédacteur en chef de la radio Echo de Moscou, contrôlée par le géant gazier Gazprom mais restée jusqu'à présent la principale station russe à offrir des informations indépendantes. Il a indiqué à l'agence Interfax que la radio allait adresser une plainte au Parquet et à la Commission électorale centrale. Des blogueurs russes s'étaient déjà dits, samedi, victimes d'une cyber-attaque contre la plate-forme LiveJournal, un des principaux sites hébergeant des blogs. Golos, une association financée par des fonds occidentaux qui signale les fraudes électorales dont la plupart sont imputées à Russie unie, a dénoncé samedi une «campagne de harcèlement par le pouvoir» après que sa dirigeante a été retenue à la douane d'un aéroport de Moscou pendant douze heures et vu son ordinateur confisqué. Cette ONG fait l'objet d'une enquête du parquet de Moscou qui la soupçonne de propager des «rumeurs» et a été condamnée vendredi à une amende de 30.000 roubles (700 euros) pour violation de la loi électorale. Pour parer à tout éventuel rassemblement contestataire, le mouvement de jeunesse pro-Kremlin Nachi a annoncé qu'il réunirait jusqu'à 15.000 militants dans le centre de Moscou au moment des législatives pour «neutraliser» toute action visant à contester le scrutin.