Par Salah AMAMOU* Au nom de l'intérêt suprême de la Tunisie, je lance un appel aux élus de la Constituante des deux partis, Ettakatol et le CPR, à désobéir à leurs présidents. Ici même, sur les colonnes de La Presse et par des e-mails récurrents envoyés personnellement aux présidents de ces deux partis, j'ai expliqué qu'Ennahdha est minoritaire dans cette Assemblée, qu'elle n'a donc pas gagné les élections et qu'elle n'est devenue majoritaire dans la Constituante que grâce à son alliance avec Ettakatol et le CPR. J'ai aussi invité les présidents de ces deux partis à rompre cette alliance au nom de l'intérêt suprême de la Tunisie avant qu'il ne soit trop tard et de réintégrer leurs places naturelles parmi les modernistes. Les deux présidents sont restés intraitables, sourds à mes appels, si l'on ne tient pas compte du communiqué laconique publié par M. Marzouki sur le journal Essabah déclarant qu'il n'acceptera jamais une présidence décorative de la République. Il ne fait plus de doute que notre pays est actuellement menacé par une nouvelle forme de dictature, la dictature du parti Ennahdha qui veut accaparer le pouvoir, tout le pouvoir, et Dieu seul sait ce qu'il en fera une fois qu'il l'aura obtenu, ou plutôt l'aura confisqué, car, je ne le répèterai jamais assez, le peuple tunisien n'a pas voté majoritairement pour ce parti : il y a seulement 40% des votants et 18 % de l'ensemble des électeurs tunisiens qui le soutiennent. Dans tous les cas, il demeure minoritaire. Pourquoi mentir aux Tunisiens ? Aujourd'hui qu'il devient clair que les deux présidents d'Ettakatol et du CPR persistent à placer leurs intérêts privés au-dessus de l'intérêt inaliénable de la Tunisie, refusent de rompre leur alliance contre nature (des modernistes avec des islamistes ! deux orientations totalement opposées) avec Ennahdha et rétablir ainsi la vérité du verdict des urnes, je lance un appel à tous les élus d'Ettakatol et du CPR de la Constituante de prendre conscience de la responsabilité historique qu'ils assument envers leurs électeurs et la Tunisie entière, de désobéir à leurs présidents et de n'obéir qu'à leur âme et conscience dans leur vote tant dans l'Assemblée constitutive que dans les commissions internes de cette Assemblée. Dieu en sera témoin.