PARIS (Reuters) — La lutte contre la corruption n'est pas une priorité politique en France, déplore Transparence International France en invitant les candidats à l'élection présidentielle de 2012 à s'engager sur ce front. Si la France répond globalement aux normes internationales dans ce domaine, elle n'en présente pas moins des signes de fragilité, conclut un rapport présenté hier par l'antenne française de l'organisation anti-corruption Transparency International. Le faible investissement de la classe politique dans la lutte contre la corruption est stigmatisé dans la partie française d'une étude commandée par la Commission européenne et conduite simultanément par 25 autres sections de Transparency International en Europe. Les chercheurs concluent par ailleurs au relatif désintérêt pour les affaires de corruption d'une opinion française qu'il conviendrait de sensibiliser davantage à ces enjeux. Sur les 13 «piliers» ou institutions évalués dans l'étude, dévoilée lors d'une conférence de presse à Paris à la veille de la Journée mondiale des Nations unies contre la corruption, la palme de la transparence et de l'intégrité revient aux juridictions financières. Les organes de contrôle des élections, le secteur public et la société civile s'en sortent également plutôt bien mais il n'en va pas de même pour la justice, dont le rapport souligne le manque de moyens et les pressions qu'elle subit de la part du pouvoir. Les plus mauvais élèves sont les partis politiques et le Parlement, en particulier le Sénat, de même que les forces de l'ordre et l'exécutif. Des lois existent pour lutter contre la corruption mais elles ne sont pas suffisamment appliquées, relève le rapport. «Nous avons des lois, des institutions mais ce qui pèche, c'est la mise en oeuvre, la pratique», a expliqué Daniel Lebègue, président de Transparency International France. «La répression de la corruption n'est clairement pas une priorité des politiques publiques en France», a-t-il ajouté. La publication du rapport intervient dans un contexte chargé avec notamment une affaire de corruption présumée dans la police à Lyon et une enquête contre le comité d'entreprise de la Ratp pour des faits présumés d'abus de confiance. C'est pourtant le Sénat qui est le plus sévèrement épinglé par Transparence International France, qui, note la Cour des comptes, vérifie les comptes de l'Assemblée nationale mais pas ceux de la haute assemblée. «Les comptes du Sénat ne sont vérifiés par personne», relève Daniel Lebègue. «Contrôler la gestion et les comptes d'une assemblée élue, c'est pourtant le b.a.-ba dans une démocratie». Transparence International France, qui dénonce également un usage abusif du secret-défense pour protéger des intérêts particuliers, formule un certain nombre de recommandations, en commençant par demander aux partis politiques d'ériger la lutte contre la corruption en véritable priorité. Le rapport recommande en outre de mieux sensibiliser les Français aux enjeux de la lutte contre la corruption et de réclamer des déclarations d'intérêts précises à tous les niveaux de la décision publique. La section française de Transparency International a par ailleurs pris l'initiative de demander aux candidats à la présidentielle de 2012 de prendre des engagements précis en matière de lutte contre la corruption.