• Les stocks stratégiques des phosphates et la hausse des cours internationaux ont apaisé les répercussions des tensions sociales • Le Pdg annonce la suspension du concours de recrutement afin de réviser les dossiers, les critères et les résultats Entre le marteau des revendications sociales et des conflits tribaux - parfois sanguinaires - et l'enclume des demandes des clients internationaux, de plus en plus pressantes, se dresse la situation critique des entreprises du Groupe Chimique de Tunisie (GCT), de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG), ainsi que de toutes les entreprises qui y sont rattachées. Hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège de la GCT, M Kais Daly, Pdg du GCT et de la CPG, a brossé un sombre tableau du Groupe pour cette année. Bien que le résultat prévisionnel de l'exercice 2011 soit bénéficiaire de 528 millions de dinars, le manque à gagner avoisine mille milliards de millimes en se plaçant dans des conditions normales d'activité. A cette occasion, le Pdg a également présenté une feuille de route pour sortir de l'impasse. D'ailleurs, la situation dans le bassin minier est un dossier brûlant au vrai sens du terme, et ce sur le plan économique et social. « En concertation avec le gouvernement, un comité se chargera de diagnostiquer la situation et de recommander les plans appropriés », indique le Pdg. Un plan ambitieux Pour traiter ce dossier, le Groupe a dressé une stratégie qui s'articule autour de trois axes : la création d'emplois, directs et indirects, la promotion des entreprises spécialisées et des entreprises d'environnement, ainsi que l'allocation d'une partie des bénéfices des sociétés au développement des régions, notamment celle du bassin minier. Pour ce qui est du recrutement, les dirigeants ont fixé des critères de sélection objectifs afin de satisfaire au mieux les nouveaux besoins d'exploitation et de remplacer les départs à la retraite. Ainsi, la CPG et le GCT accueilleront respectivement 3000 et 1600 nouvelles recrues. Sans oublier les 2600 employés des entreprises de sous-traitance qui ont été intégrés dans le Groupe. Sur un autre plan, le Groupe mise sur les entreprises spécialisées et celles de l'environnement pour renforcer le rythme de création d'emploi dans les régions de Gafsa, Gabes et Sfax. « Avec un niveau de rémunération équivalent à la moyenne du marché du travail, et inférieur à celui de la CPG ou du CGT, on aura plus de possibilités de création d'emplois», explique le Pdg. « Le Groupe contribuera à la création de 10 mille postes d'emploi, directs et indirects, sur les 40 mille prévus par le gouvernement », ajoute-t-il. En accord avec le gouvernement actuel, le Groupe consacrera une partie plus importante des bénéfices réalisés au développement du bassin minier. A l'heure actuelle, «la CPG et le GCT allouent respectivement 400 et 250 millions de dinars pour la promotion des régions», précise le Pdg. Mieux encore, des projets sont déjà en place, d'autres en cours, et certains sont en attente du visa du gouvernement. Parmi ces projets, une cimenterie, une banque régionale, des sociétés de travail à distance, des projets agricoles, et les dirigeants sont ouverts à toutes nouvelles demandes, propositions et suggestions. L'oscillation de l'exploitation Graphique à l'appui, le Pdg a montré les hauts et les bas de l'activité des entreprises du Groupe pour cette année. Et en termes de moyenne annuelle, les machines du GCT ont tourné à 70% de leur activité de l'année dernière et celles de la CPG à 45%. «L'insuffisance de la production nous a poussé à donner la priorité aux demandes des clients stratégiques et de révoquer certaines commandes», déplore le Pdg. Il a illustré le cas de la Turquie, qui importe 90% de ses besoins en fertilisants agricoles de Tunisie. Durant cette année, l'objectif était d'éviter une crise de confiance des clients, qui est de nature à les amener à rechercher d'autres fournisseurs. «La persistance des grèves et des sit-in a dégradé la notoriété de la Tunisie, troisième exportateur mondial », rappelle-t-il. Pour l'année 2012, la situation sera plus préoccupante. Avec la baisse de la demande internationale et celle des prix, estimée à 30%, le groupe sera appelé à produire plus pour s'acquitter de son rôle économique et social. S'agissant du concours, source des dernières émeutes, le Pdg a annoncé la suspension du concours afin de réviser les dossiers, les critères et les résultats. Pour les recrutements à caractère social, des comités locaux seront mis en place pour se charger du dossier. Création de la Banque du bassin minier Afin de promouvoir la création d'entreprises et d'emplois, la CPG a consacré un montant de 400 millions de dinars des bénéfices de la société des années 2006-2011 afin de soutenir l'effort de développement des zones minières par la création d'un établissement de crédit. • Le capital social prévu avoisine 100 millions de dinars et le siège est prévu à Gafsa • Le projet prévoit la mise en place de 14 agences bancaires dans le gouvernorat de Gafsa, entre 2012 et 2014 • A l'horizon 2016, avec un budget de 200 millions de dinars, l'institution financera plus de 300 PME.