Un jury international pour une compétition nationale Le dromad'or décerné à Fellagha 2011 de Rafik Omrani Insérée dans la programmation du Festival international du sahara, la 1ère édition des Douz doc days, n'a pas eu la visibilité qu'elle méritait. Cette manifestation consacrée à la promotion du cinéma documentaire est donc restée un peu en marge de toute l'effervescence folklorique et populaire qu'a connue la ville de Douz une semaine durant. Ce n'était pas plus mal car les organisateurs ont pu prendre leurs marques et tester leur approche au cours de cette édition qu'ils qualifient d'expérimentale. «L'année prochaine, il faudra aller à la rencontre du public dans les cafés de la ville pour palier le manque de communication», confie Rafik Omrani, le lauréat de la compétition nationale, récompensé par le Dromad'or d'un montant de trois mille dinars offerts par Tunisiana. Les participants reconnaissent la nécessité de développer et de poursuivre cette initiative prometteuse qui encourage le cinéma indépendant et qui propage, à travers le documentaire, une réflexion autour des droits civiques. Les Douz doc days ont donc gagné leur défi celui de drainer, d'une projection à l'autre, un nombre de plus en plus important de spectateurs en donnant le la, c'est -à-dire en proposant un style et un ton adaptés au contexte. L'essentiel des projections a eu lieu sous une tente nomade dressée aux abords du musée de la ville ce qui a conféré à la rencontre un charme empreint de couleur locale, un caractère convivial et décontracté tout en créant une atmosphère très particulière. En fait les organisateurs ont célébré le documentaire en allumant un grand feu de bois et en organisant des réunions d'évaluation au beau milieu des dunes. L'atout majeur de ces journées était une programmation judicieusement étudiée pour correspondre aux attentes d'un public davantage nourri de poésie que d'images audiovisuelles. Il faut savoir qu'à Douz, les récitals de poésie provoquent des attroupements et des bousculades devant les portes de la maison de la culture comme à Tunis pendant les Journées cinématographiques de Carthage. Avec une bonne stratégie de communication, on peut donc facilement parier que le documentaire trouvera très vite une audience à Douz affirme Hichem Ben Ammar, le promoteur du projet, «car le documentaire n'est autre qu'une forme poétique du journalisme». Le jury international composé de Jean Pierre Rehm, directeur du Festival de documentaire de Marseille, de la réalisatrice italienne Giovanna Taviani, de l'écrivain irlandais Paul Cant et de l'acteur connu Salah Jday, était présidé par la présentatrice de télévision Amel Chahed. Constatant la vitalité du genre documentaire forcément appelé à se développer sous nos cieux en cette période de transition démocratique, le jury a départagé sept longs ainsi que sept courts métrages documentaires, tous réalisés après le 14 janvier par de jeunes réalisateurs. Une master class a permis à des éducateurs de la région et à neuf étudiantes des Arts et Métiers de Gabès de parfaire leur formation en matière d'analyse filmique sous la direction de l'universitaire Kamel Ben Ouanès et du critique Nasser Sardi, tandis qu'un atelier de production animé par le pédagogue Mahmoud Jomni a permis à deux jeunes novices de la région de Douz de réaliser un court métrage, sorte de making of du festival qui a été présenté le soir de la clôture. Tout cela montre une volonté de diversifier les partenaires tout en valorisant le potentiel de la région et c'est aussi dans ce sens qu'ont été présentés les travaux photographiques de Marwen Trabelsi enseignant en photo à Gabès, ainsi que l'ouvrage de l'enseignant à Kébili, Samy Chayeb, intitulé Hollywood et les révolutions. Un festival qui pousse mais qui pourrait donner un vrai coup de pouce au tourisme saharien.