Cette année ne sera pas comme les autres pour le festival international du Sahara de Douz. Un volet cinéma vient, en effet, s'y greffer, comme un organe nourricier. Douz Doc Days, ou Journées Documentaires de Douz (JDD) — un nom inspiré des JCC — auront lieu au pied de la porte du désert, du 22 au 25 décembre. C'est également une escale des caravanes documentaires, projet lancé par le documentariste tunisien Hichem Ben Ammar, «qui ont pour objectif de disséminer les valeurs de la citoyenneté par le biais de la culture audiovisuelle dans les régions de Tunisie». Douz Doc Days sera une escale spéciale, puisqu'elle prend la forme d'un festival dans le festival, qui ne devrait pas laisser la ville, ses habitants et ses visiteurs indifférents à ses charmes. Donner une autre dimension au tourisme culturel local est même l'une des motivations derrière la création des JDD, pour « relooker et actualiser le festival de Douz, lié principalement au folklore», explique Hichem Ben Ammar. Et d'ajouter « l'arrivée de cinéastes, qui sont des communicateurs et multiplicateurs d'idées, à ce lieu charnière, ne peut qu'apporter un plus à la région». Sans oublier qu'un bon nombre de films mondialement connus ont été tournés dans le Sud tunisien. C'est le cas de Or noir de Jean-Jacques Annaud qui sera projeté dans le cadre du festival, une occasion de surcroît pour les locaux qui y ont participé, et ils sont nombreux, de voir le résultat de leur travail. Douz, qui a longtemps été un passage pour les caravanes commerciales, sera donc l'hôte d'un autre type de caravanes, à portée culturelle et touristique, en lesquelles des institutions et des sponsors ont bien voulu croire. En ce qui concerne la programmation, le festival mise sur des films importants, en rapport avec le thème du désert et du voyage, ou des films récents et inédits. Plus précisément, il y aura une compétition nationale, entre sept longs et moyens métrages, d'un côté, et sept courts de l'autre, ainsi que des productions, pour la plupart, de jeunes réalisateurs tunisiens, sur la révolution du 14 janvier .Un seul prix sera toutefois décerné, «afin qu'il soit conséquent», argumente Hichem Ben Ammar. Parmi ces films figurera peut-être le documentaire de Salah Jedai sur le martyr Hatem Ben Taher, tombé à Douz il y a un an. S'il est classé hors compétition, cela permettra à son réalisateur de faire partie du jury, qui compte parmi ses membres Jean-Pierre Rehm (directeur du FID Marseille, le plus important festival de documentaire en Méditerranée), Giovanna Taviani qui sera également là pour présenter son dernier film Fughe e approdi, Paul Cant (universitaire et romancier irlandais vivant en Tunisie) et la journaliste Amel Chahed. Un master class aura également lieu, pour former les éducateurs sur le thème «enfance et identité», avec des films support de Russie, de Chine, de Tunisie et du Liban. En hors compétition, le public pourra assister à une section «Découverte, jusqu'au bout du voyage», ainsi que des projections en plein air sur le thème «les croisades vues par...», avec Kingdom of heaven de Ridley Scott et Saladin de Youssef Chahine. Outre le cinéma, les JDD incluent la présentation du livre Hollywood et les révolutions de Samy Chayeb et une exposition photo de Marwen Trabelsi. La clôture, le 25 décembre, sera ponctuée par une projection en plein air du film Wararay de Issam Saïdi, suivie de la remise des prix et d'un concert.