Les travaux de construction de la cimenterie de Rouisset (délégation de Chebika), dont le coût de réalisation s'est élevé à 465 millions de dinars, se sont achevés récemment. Embauchant, depuis 2008, 150 cadres et ouvriers dont 98% sont originaires de Rouisset et des agglomérations environnantes, ce pôle industriel a commencé il y a une vingtaine de jours à produire du «klinker», une matière première indispensable pour la fabrication du ciment dont la production effective est prévue pour les semaines à venir. En outre, la direction a prévu d'embaucher 50 nouveaux ouvriers manœuvriers dont 25 dans l'immédiat et 25 au cours de l'année en cours, et ce, avec accord des autorités locales, la faveur sera accordée aux villageois de Rouisset. Or, samedi 21 janvier, un groupe d'individus a bloqué les activités de cette cimenterie en envahissant les locaux, le laboratoire, tous les bureaux et la tour de contrôle revendiquant leur embauche dans l'immédiat et empêchant les agents de travailler. Devant cette menace et ce danger et afin d'éviter un bras de fer qui ne ferait qu'aggraver la situation, les responsables de cette usine ont décidé la fermeture provisoire en sécurisant le matériel sophistiqué et en coupant les conduites de gaz. Ensuite, ils ont eu, au siège du gouvernorat de Kairouan, des rencontres avec les responsables régionaux afin de nouer le dialogue avec les protestataires et de mieux sécuriser les alentours de la cimenterie. Témoignages Certains villageois de Rouisset que nous avons pu rencontrer nous ont fait part de leur amertume et de leur déception puisqu'ils ont été obligés, il y a quelques années, de vendre leur terre à des prix modiques dans l'espoir de pouvoir travailler dans la cimenterie. Or ils constatent que le recrutement n'est pas en faveur des habitants de Rouisset et que leurs plaines céréalières et leurs oliviers ont été asphyxiés par des tonnes de poussières. Même leurs logements risquent de s'écrouler d'un moment à l'autre. Et l'environnement continue à être affecté par une dégradation provoquée par les nombreuses carrières de pierre, de sable et de gravier. Des montagnes géantes ont accouché d'autres montagnes en poudre. D'où ce mouvement de protestation et de colère.