Par Jawhar CHATTY Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), sera en Tunisie les 1er et 2 février. Le FMI en Tunisie. Devrait-on s'en réjouir ou plutôt craindre quelques remontrances, des recommandations et... une thérapie de choc ? Le «bon élève» d'hier sera-t-il rebelle et plus exigeant aujourd'hui ? En a-t-il les moyens ? Pour échapper au «diktat», une certaine marge de manœuvre du gouvernement est toutefois nécessaire. Tout comme une nette, cependant dynamique, indépendance entre la politique budgétaire et la politique monétaire du pays. Quel sens donner à la marge de manœuvre des uns et des autres, de la Tunisie par rapport au FMI et inversement ? A vrai dire, nous ne le savons pas nous-mêmes et il n'est pas dit que les experts du Fonds en sachent davantage. Tout au plus peut-on relever le trait éminemment important de cette visite. La visite de Mme Lagarde en Tunisie vient tout juste après sa participation lundi au sommet de l'Union européenne à Bruxelles et, surtout, après sa participation remarquable la semaine dernière au Forum économique mondial de Davos. Surtout, en ce sens que c'est à Davos qu'elle a en toute vraisemblance eu l'occasion d'écouter aussi bien la version du chef du gouvernement que celle du gouverneur de la Banque centrale de Tunisie quant à la réalité et attentes de l'économie tunisienne, à court et moyen termes, et de ses perspectives. Il n'est à ce titre guère fortuit de rappeler qu'à l'occasion du Sommet du G8 à Deauville, Mme Christine Lagarde a eu déjà pertinemment pris note du discours qu'avait fait à cette occasion M. Béji Caïd Essebsi et dans lequel, sans céder à la tentation de quémander l'aide internationale, il avait simplement souligné la forte corrélation entre le devenir de la révolution tunisienne et celui du «Printemps arabe». Le rappeler, est une manière de rappeler au G8 les promesses qu'il avait faites à la Tunisie dans un moment peut-être d'euphorie générale. Quoi qu'il en soit, la visite de Mme Lagarde en Tunisie est d'une symbolique très forte. Non seulement les «promesses» du G8 seront susceptibles d'être réactivées, mais, le plus important, serait que la Balance des paiements de la Tunisie fasse, à cette occasion, l'objet d'une lecture intelligente et éclairée qui tienne compte de la pression sur les équilibres budgétaires, en raison de la baisse de l'activité économique au cours de ces derniers mois et du malaise social sous-jacent qui perdure et qui a été l'élément moteur de la révolution tunisienne. Dans cette conjoncture exceptionnelle et transitoire, la Tunisie a bien entendu tout à gagner à rester ouverte à toutes les initiatives et propositions propres à relancer la machine économique. Davantage d'endettement extérieur est peut-être une solution, mais ce dont la Tunisie a le plus et impérativement besoin aujourd'hui, c'est d'investissements à long terme. D'investissement dans la démocratie en devenir qu'est la Tunisie. Il y a fort à parier que Mme Lagarde ne sera pas insensible à ce message.