Décidément, la besogne n'est pas facile pour les journalistes. Elle devient même de plus en plus compliquée. Et pour cause. La révolution de la dignité et de la liberté n'est pas encore terminée que des indices indiquant un rétrécissement du champ d'accès à l'information sont déjà perceptibles. Le plus connu par les journalistes pour avoir subi ses contretemps pendant de longues années est le fameux «fax» exigé par les administrations publiques avant d'accorder une entrevue à un journaliste. Il s'agit d'une demande écrite, adressée par le rédacteur en chef ou le directeur de la rédaction au ministre et envoyée par fax pour solliciter un rendez-vous avec un responsable que le ministre se chargera de désigner. On croyait cette procédure révolue après le 14 janvier et qu'une prise de contact direct avec l'attaché de presse, le trait d'union officiel entre l'administration et les médias, était suffisante pour que la requête du journaliste soit étudiée et satisfaite dans les règles de l'art. Or il n'en est rien. Le «fax» est finalement de retour, notamment aux ministères de la Justice et du Transport pour ne citer que ceux-là. En réinstaurant cette procédure qui est, à n'en point douter, d'ordre organisationnel, les journalistes craignent le retour d'anciennes pratiques qui visaient à lasser les journalistes en leur faisant emprunter les méandres de l'administration et la lenteur de sa bureaucratie et par conséquent à leur faire perdre un temps précieux d'autant que les sujets d'actualité n'attendent pas. Serait-ce là un indice de crise de confiance et d'un début de fermeture des canaux de communication? Au moment où les Tunisiens, tous les Tunisiens, revendiquent le respect de leur droit à la liberté d'expression et d'opinion et les journalistes appellent également à l'accès libre aux informations loin de toute manipulation, l'administration est appelée à plus de transparence pour rassurer ses administrés.