Par Abdelhamid GMATI Les partis Ettajdid, le Parti des travailleurs tunisiens (PTT) et le PDM annoncent leur intention de créer un nouveau parti les regroupant, et ce, lors d'un congrès d'union, qui se tiendra à l'issue du 3e congrès d'Ettajdid prévu pour les 9, 10 et 11 mars 2012. Ils organisent une conférence de presse pour faire connaître les principes de base de ce nouveau parti. Par ailleurs, le «Grand Parti du Centre», formé par le Parti démocrate progressiste, Afek Tounès, le Parti Républicain et des personnalités indépendantes, dont la création sera officialisée en mars prochain, organise un meeting populaire samedi 11 février à Tunis. 13 partis politiques ont pris rendez-vous pour signer un accord définitif de fusion. Il s'agit de partis destouriens et de partis progressistes centristes nés après le 14 janvier. Le nouveau parti est dénommé le «Parti Watany Tunisien». Enfin le groupe parlementaire constitué de 16 élus du PDP, 5 du PDM, 4 d'Afek Tounès, 1 du PLM, 1 élu du Watad et enfin 1 indépendant, a officiellement été créé et portera le nom de «Bloc démocratique». L'opposition tunisienne s'organise et tente de se rassembler et d'unir ses forces. Le paysage politique tunisien se bipolarise: d'un côté, Ennahdha, avec son idéologie islamiste, et ses coalisés, Ettakatol et le Congrès pour la République; de l'autre, une multitude d'autres partis, centristes, communistes, réformateurs, anciens destouriens. Enjeux: le pouvoir bien sûr, mais aussi le futur système politique de la société tunisienne. Jusqu'ici, les uns et les autres n'ont fait que réagir aux événements et se renvoyer la balle. Des sit-in, des manifestations, des revendications ont lieu et l'on pointe du doigt les communistes et les ex-rcdéistes soupçonnés d'en être à l'origine. Les innombrables problèmes du pays ne trouvent même pas un début de solution? On incrimine l'ex-gouvernement provisoire ou, à l'inverse, on dénonce l'actuel gouvernement pour son incompétence et son inaction. Au sein de l'Assemblée constituante, qui n'a même pas commencé à parler de Constitution (sa raison d'être), le même antagonisme. La Troïka impose ses choix et l'opposition crie à la dictature de la coalition. Une coalition considérée par plusieurs comme «contre nature», ce qui explique les défections, les démissions et la grogne que connaissent les deux partis alliés d'Ennahdha. Entre-temps, le parti islamiste pousse ses pions et impose ses idées, et ses hommes, en toute «démocratie». Un projet de Constitution attribué à Ennahdha circule sur le web, et même si ce parti en nie la paternité, il n'en reste pas moins que le contenu reflète ses opinions exprimées lors de la campagne électorale. Les discussions s'annoncent chaudes. La situation économique et sociale du pays n'est pas brillante, même le gouvernement le reconnait. Et que fait-on? On amuse la galerie avec d'autres sujets. Exemple : le gouvernement, du moins un certain nombre de ses ministres, refuse qu'on le considère comme «provisoire»; il y a même un procès intenté contre la chaîne «Watanya» visant à interdire à ses journalistes d'utiliser ce terme. Idem pour la question du niqab. On ne cesse d'en débattre comme si la question était vitale. Le président de la République décide d'expulser l'ambassadeur de Syrie et cela occupe la scène politique et la société civile, chacun s'évertuant à juger de l'opportunité de cette décision. En attendant, les problèmes qui ont été à la source de la Révolution sont là et bien là; ils ne font que s'aggraver. Gouvernement et opposition continuent à réagir alors que l'on attend d'eux de l'action, de l'initiative. Qu' a-t-on fait pour faire face aux conséquences des dernières intempéries? La visite du chef du gouvernement est à saluer mais a-t-elle suffi ? Seuls quelques associations et représentants de la société civile ont entrepris quelques actions pour soulager les habitants des zones isolées. En définitive, avoir des forces politiques diverses et antagonistes est encourageant et peut être positif. Mais on a surtout besoin de cohésion, de consensus et d'action.